Chez Lucien de Rubempré


Lucien de Rubempré est comme un jumeau de Balzac – ils sont nés en 1798 et 1799 –, monté de sa province à Paris pour y rechercher la gloire, le pouvoir et l'argent.
Il a d'abord vécu à l'hôtel de Cluny. Puis, comme l'auteur de La Comédie humaine, s'appuyant sur l'argent de sa famille et sur des amis journalistes (mais avec beaucoup moins de scrupules que Balzac), il a gagné ses premiers galons dans la presse et dans la société. 

Suite à des déconvenues, il se retrouve seul et ruiné en 1822. Alors qu'il s'apprête à se suicider, il rencontre l'abbé Herrera qui décide de l'aider et d'en faire sa créature. Sous l'apparence de l'abbé se dissimule en réalité l'ex-bagnard Vautrin qui s'est évadé du bagne deux ans après y avoir été conduit à la fin du Père Goriot. Tous deux partagent entre 1822 et 1825 un appartement rue Cassette, que l'on pourrait situer par exemple au numéro 22 actuel. Dans ce quartier tranquille alors peuplé de bourgeois et de couvents, Herrera passe inaperçu et fréquente l'église Saint-Sulpice. Il va œuvrer pour faire gravir les échelons de la société à Lucien, mais ses calculs ne porteront pas chance au jeune homme qui finira par se pendre en prison.

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Lucien de Rubempré

Dans la description que Balzac donne de leur appartement dans Splendeurs et misères des courtisanes, on comprend d'emblée que des ambitions sont à l’œuvre et que des forces cachées travaillent à l'abri des regards pour atteindre on ne sait quels buts.  « Herrera demeurait dans une aile de la maison, au second étage, et Lucien occupait l'autre aile. Ces deux appartements étaient à la fois séparés et réunis par un grand appartement de réception dont la magnificence antique convenait également au grave ecclésiastique et au jeune poète. La cour de cette maison était sombre. De grands arbres touffus ombrageaient le jardin. Le silence et la discrétion se rencontrent dans les habitations choisies par les prêtres. Le logement d'Herrera sera décrit en deux mots : une cellule. Celui de Lucien, brillant de luxe et muni des recherches du confort, réunissait tout ce qu'exige la vie élégante d'un dandy, poète, écrivain, ambitieux, vicieux, à la fois orgueilleux et vaniteux, plein de négligence et souhaitant l'ordre, un de ces génies incomplets qui ont quelque puissance pour désirer, pour concevoir, ce qui est peut-être la même chose, mais qui n'ont aucune force pour exécuter. », (Splendeurs et misères des courtisanes, Partie 1, Comment aiment les filles).

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