L’église Saint-Étienne-du-Mont


L'enterrement du père Goriot décrit dans le dernier chapitre du roman se déroule à Saint-Etienne-du-Mont, église toute proche de la pension Vauquer. C'est aussi le moment de son ultime humiliation.
Ses deux filles adorées, Delphine de Nucingen et Anastasie de Restaud pour qui il a sacrifié les dernières années de sa vie jusqu'à se retirer dans la pauvre pension Vauquer, ne sont pas présentes, tout occupées qu'elles sont à leurs obligations mondaines.
Madame Vauquer a pris au père Goriot le médaillon en or où il conservait une mèche de leurs cheveux.

Et il n'aura même pas droit à une vraie messe et à la présence de ses amis, exceptés Rastignac et l'homme de service de la pension : « Quand le corbillard vint, Eugène fit remonter la bière, la décloua, et plaça religieusement sur la poitrine du bonhomme une image qui se rapportait à un temps où Delphine et Anastasie étaient jeunes, vierges et pures, et ne raisonnaient pas, comme il l’avait dit dans ses cris d’agonisant. Rastignac et Christophe [l'homme à tout faire de la pension Vauquer] accompagnèrent seuls, avec deux croque-morts, le char qui menait le pauvre homme à Saint-Étienne-du-Mont, église peu distante de la rue Neuve-Sainte-Geneviève. Arrivé là, le corps fut présenté à une petite chapelle basse et sombre, autour de laquelle l’étudiant chercha vainement les deux filles du père Goriot ou leurs maris. Il fut seul avec Christophe, qui se croyait obligé de rendre les derniers devoirs à un homme qui lui avait fait gagner quelques bons pourboires. […] Les deux prêtres, l’enfant de chœur et le bedeau vinrent et donnèrent tout ce qu’on peut avoir pour soixante-dix francs dans une époque où la religion n’est pas assez riche pour prier gratis. Les gens du clergé chantèrent un psaume, le Libera, le De profundis. Le service dura vingt minutes. Il n’y avait qu’une seule voiture de deuil pour un prêtre et un enfant de chœur, qui consentirent à recevoir avec eux Eugène et Christophe. »

Après l'enterrement, Rastignac file sans remords dîner chez Delphine de Nucingen. Il compte sur elle pour favoriser son ascension sociale. Dans sa tombe, le père Goriot doit se dire que rien ne résiste à l'attrait du pouvoir et de l'argent.

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Eugène de Rastignac présenté à Madame de Nucingen

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