La métamorphose de Balzac


Afin d'échapper à ses créanciers qui le recherchent après sa seconde faillite rue Visconti, Balzac s'installe ici début 1828, dans un appartement loué pour l'occasion par le mari de sa sœur, M. Surville (l'immeuble a été remplacé depuis par un autre). Nous sommes à la limite du Paris d'alors, qui s'étendait à l'époque jusqu'à ce qui est aujourd'hui le boulevard Saint-Jacques et le boulevard Raspail. Mme de Berny encouragea Honoré à s'établir ici. Elle renonce par ailleurs à la plus grande partie de ce qu'il lui doit suite à sa faillite. Elle habite non loin, 55 rue d'Enfer Saint-Michel (au niveau de l'actuel 2 rue Henri Barbusse).

La maison de la rue Cassini se compose à l'époque de deux pavillons. Balzac occupe le second étage de l'un. Comme il l'avait déjà fait rue Visconti, son ami Henri de Latouche – qui a découvert Honoré en 1825 à l'occasion de la parution de Wann-Chlore – l'aide à meubler son appartement, n'hésitant pas à s'endetter pour son « frère ». Les murs sont bientôt tapissés d'un calicot bleu. Tapis, bibliothèque, pendule, etc. ornent les pièces. Un cabinet de toilette décoré de stuc blanc est éclairé d'une lumière rose par une fenêtre aux verres rouges. Balzac s'équipe d'une garde robe à la hauteur de son ambition : pantalons, gilets, redingotes sont commandés au tailleur Buisson qui accepte d'être payé... lorsque l’écrivain le pourra. Il admire Balzac, parie sur son génie et ira même jusqu'à régler des dettes contractées par l’auteur ! En remerciement, il aura un privilège pour lequel ses concurrents auraient aussi payé très cher : être cité à plusieurs reprises dans La Comédie humaine.

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Henri-Joseph Hesse, "Henri de Latouche", 1811

Rue Cassini, l'écrivain va enfin se consacrer pleinement à l'écriture. Avec les traductions des romans de Walter Scott, avec le Cinq Mars de Vigny, Henri III et sa cour de Dumas, la Chronique du règne de Charles IX de Mérimée, c'est alors la grande vogue du roman historique. Balzac va s'inscrire dans cette lignée avec Les Chouans, œuvre qui, avec La Physiologie du mariage, le fait connaître du grand public en 1829-1830. Pour travailler sur Les Chouans, il séjourne à Fougères chez son ami le général de Pommereul.

En 1831, La Peau de chagrin, qu’il signe pour la première fois « Honoré de Balzac », est un grand succès.
En 1830-31, il se lance aussi dans le journalisme sous son nom, suite à sa rencontre avec Émile de Girardin. Sa renommée grandit aussi dans les salons où l'introduit la duchesse d'Abrantès – dont les célèbres Mémoires commencent à paraître en 1831 – et en particulier ceux de Mme Récamier, rue de Sèvres, à l'Abbaye-aux-Bois, et de Sophie Gay rue Gaillon (dont la fille Delphine a épousé Émile de Girardin).

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La maison Rue Cassini au XIXe siècle

Rue Cassini, Balzac écrit aussi La Femme de trente ans, le Curé de Tours, Histoire des Treize, la Duchesse de Langeais
Le 1 rue Cassini sera son adresse principale jusqu'en 1837. Il séjourne souvent chez ses parents ou chez sa sœur, là où il trouve gratuitement le gîte et le couvert. Et malgré les revenus qu’il commence à percevoir, l’écrivain s’endette encore. Alors que les huissiers et la justice le pressent de trop, il s'installe entre 1834 et 1837 dans une maison discrète au 13, rue des Batailles (qui serait située aujourd'hui avenue d'Iéna en face du Conseil Économique, Social et Environnemental).

Avant de reprendre le métro ou le RER aux stations Port-Royal ou Denfert-Rochereau, on peut aller jusqu'au bout de la rue Cassini voir l'Observatoire de Paris.

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