La prison de la Force


Le seul vestige encore visible de la prison est le grand pan de mur qui s'avance dans la rue Pavée au sud de l'hôtel de Lamoignon, 24 rue Pavée, et qui était le mur nord de la Petite Force, la Grande Force occupant tout le sud du terrain jusqu'à la rue du Roi-de-Sicile. Toutes deux furent installées  en 1780 dans l'hôtel des ducs de la Force, la Petite pour les femmes et la Grande pour les hommes.
Dans Splendeurs et misères des courtisanes, Vautrin et Lucien de Rubempré sont conduits à la Force avant d'être transférés à la Conciergerie. Lucien, devenu l'instrument de Vautrin pour conquérir pouvoir et richesses, a en effet été mené à sa perte. Il est tombé amoureux d'Esther Gobseck, une jeune courtisane qui voulait l'épouser. Mais Vautrin a manœuvré Esther afin d'accéder à la fortune du baron de Nucingen (marié à Delphine, une fille du Père Goriot). Esther s'est empoisonnée de désespoir le jour où elle devait se donner au baron. Lucien, soupçonné de l'avoir tuée, est arrêté et emprisonné ainsi que Vautrin: « À minuit, Lucien entrait à la Force, prison située rue Payenne et rue des Ballets, où il fut mis au secret ; l'abbé Carlos Herrera s'y trouvait depuis son arrestation ». 

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Rubempré et Vautrin

Le séjour des deux hommes à la Force est malheureusement trop bref pour que Balzac en donne une description: quelques heures après leur emprisonnement, ils sont conduits à la Conciergerie où Lucien finira par se suicider. C'est Hugo qui nous décrit la prison dans Les Misérables avec ces passages sur la tentative de fuite de Thénardier:

« Le Bâtiment-Neuf, qui était tout ce qu'on pouvait voir au monde de plus lézardé et de plus décrépit, était le point faible de la prison. Les murs en étaient à ce point rongés par le salpêtre qu'on avait été obligé de revêtir d'un parement de bois les voûtes des dortoirs, parce qu'il s'en détachait des pierres qui tombaient sur les prisonniers dans leurs lits. Malgré cette vétusté, on faisait la faute d'enfermer dans le Bâtiment-Neuf les accusés les plus inquiétants, d'y mettre «les fortes causes», comme on dit en langage de prison.

Le Bâtiment-Neuf contenait quatre dortoirs superposés et un comble qu'on appelait le Bel-Air. Un large tuyau de cheminée, probablement de quelque ancienne cuisine des ducs de La Force, partait du rez-de-chaussée, traversait les quatre étages, coupait en deux tous les dortoirs où il figurait une façon de pilier aplati, et allait trouer le toit. »

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