Le premier grand amour


Au 17 rue Portefoin, les Balzac gardent un pied-à-terre après avoir quitté la rue du Temple en 1819. Entre le printemps 1818 et 1819, Honoré a travaillé à l'étude de Maître Passez au 40 rue du Temple, dans le bâtiment que la famille vient de quitter. Le notaire a offert de lui céder plus tard son étude, mais le jeune homme choisira un autre destin.

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17 rue Portefoin
Les Balzac avaient un pied-à-terre qui était utilisé par Balzac

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En face du bâtiment se trouvait l'Hôtel Turgot, photographié ici par Eugène Atget, BnF

Il séjourne ici, en 1821 et début 1822, lorsqu'il n'est pas chez ses parents à Villeparisis. C'est l'époque où, après l'échec de sa tragédie Cromwell, il compose avec d'autres écrivains débutants plusieurs romans qui ne seront pas publiés, sous la férule du dramaturge Auguste Le Poitevin... Jusqu'à L'Héritière de Birague, signé Vieillerglé (alias Le Poitevin) et Lord Rhoone (anagramme d'Honoré), publié par Hubert, un libraire du Palais Royal en octobre 1821. D'autres suivront.

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A. Deveria, Honoré de Balzac, 1820

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Dans le "Lys dans la vallée" Félix de Vandenesse (Balzac) porte un amour platonique à la comtesse de Mortsauf (Mme de Berny)

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3 rue de Portefoin, demeure des Berny

Au n°3 de la rue Portefoin, les de Berny, amis et voisins des Balzac à Villeparisis, ont aussi leur pied-à-terre parisien, dont il ne reste rien excepté la porte qui date de Louis XIII. Depuis le printemps 1822, Laure de Berny (44 ans) et Honoré sont amants. Ils ont fait connaissance à Villeparisis, Honoré donnant des leçons aux enfants Berny. Laure est touchée par l'énergie du jeune homme et ce n'est pas son mari qui la retient. Elle a un an de plus que Mme Balzac, a sept enfants et est même grand-mère. Mais elle aime Honoré et le soutient bien davantage que sa mère. Laure de Berny sera l'inspiratrice du Lys dans la vallée, histoire de l'amour platonique entre Félix de Vandenesse et la comtesse de Mortsauf. La comtesse, c'est Laure. Félix, c'est Balzac : « Affecté par tant d'éléments morbides, à vingt ans passés, j'étais encore petit, maigre et pâle. Mon âme pleine de vouloirs se débattait avec un corps débile en apparence ; mais qui, selon le mot d'un vieux médecin de Tours, subissait la dernière fusion d'un tempérament de fer. Enfant par le corps et vieux par la pensée, j'avais tant lu, tant médité, que je connaissais métaphysiquement la vie dans ses hauteurs au moment où j'allais apercevoir les difficultés tortueuses de ses défilés et les chemins sablonneux de ses plaines. Des hasards inouïs m'avaient laissé dans cette délicieuse période où surgissent les premiers troubles de l'âme, où elle s'éveille aux voluptés, où pour elle tout est sapide et frais. J'étais entre ma puberté prolongée par mes travaux et ma virilité qui poussait tardivement ses rameaux verts. Nul jeune homme ne fut, mieux que je ne l'étais, préparé à sentir, à aimer.  » (Le Lys dans la Vallée)

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