Situé au carrefour Vavin-Raspail, ancien dépotoir où s’amoncelèrent dès le XVIe siècle gravats et pierrailles provenant des carrières voisines, le cimetière de Montparnasse ouvre en 1824 - soit 20 ans après le cimetière du Père-Lachaise. Étendu sur près de 19 hectares, c'est la deuxième plus importante nécropole intra-muros de Paris.

Entrez et tournez à droite sur l’avenue du Boulevard. 

À votre droite, vous découvrez le tombeau d'un des couples plus atypiques de l'après guerre : Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. 

Amis et amants, les fondateurs de l’existentialisme n’ont jamais pu se passer l’un de l’autre. Féministe convaincue, Simone avait toujours refusé le mariage avec Sartre, celui qu'elle appellera pourtant « mon amour nécessaire ». La pierre tombale est aujourd'hui un lieu de culte toujours vivant : on y trouve toute l’année des poèmes et des mots d’amour déposés, des fleurs et des baisers de rouge à lèvres. Même les jours de pluie, il y a toujours un groupe d’admirateurs contemplatifs!  

Continuez sur la même avenue jusqu’à l’avenue de l’Ouest : empruntez-là.

Chaïm Soutine

Vous apercevrez sur votre droite le tombeau du célèbre peintre expressionniste Chaïm Soutine, dont le musée de l’Orangerie possède un grand nombre de tableaux qui avaient appartenu au collectionneur Paul Guillaume et qui ont inspiré Francis Bacon. 

À votre gauche : 

Charles Baudelaire

Ici repose le poète romantique Charles Baudelaire. 

Il a le malheur de partager sa tombe avec le général Aupick, compagnon de sa mère avec qui il était souvent en conflit et qu’il n’aimait guère. L'écrivain qui incarnait la figure du dandy du XIXe siècle était célèbre pour ses traductions d’Edgar Allan Poe, avant de faire scandale avec son fameux recueil Les fleurs du mal. 

Sur la même avenue et toujours sur votre gauche :

Man Ray

Vous découvrez les tombeaux du photographe américain et artiste dadaïste Man Ray et de sa compagne Juliet, avec cette inscription propre à la pensée d’avant-garde: « Unconcerned but not indifferent ». 

« Non concerné, mais pas indifférent »: cette formule le rapproche de son ami Marcel Duchamp, créateur du premier ready-made, fameux concept de sculpture préfabriquée qui rendit caduque tout jugement esthétique. Man Ray était arrivé à Paris dans les années 1920 et adhère dans un premier temps au mouvement dadaïste avant de rejoindre le groupe des surréalistes. 

Un peu plus haut (avenue de l'Ouest): 

Henri Laurens

L'on trouve le tombeau du sculpteur Henri Laurens, grand ami de George Braque.
Laurens découvre le cubisme à la célèbre cité des artistes, la Ruche. Tandis que ses thèmes sont traditionnels et représentent des natures mortes ou des baigneuses, son style varie du cubisme à l’art décoratif, pour prendre des formes plus surréalistes ou simplement oniriques à la fin de sa vie. Il avait le don d’offrir des visages multiples à ses baigneuses, lesquelles se faisaient tantôt Vénus, tantôt mère universelle ou encore jeune fille innocente. La douleur, sculpture féminine aux formes pleines et arrondies placée sur son tombeau, indique la douceur de son style tardif. La femme est représentée comme protectrice de la vie mais aussi dans toute sa fragilité. 

Le tombeau suivant sur l'avenue de l'Ouest est celle du poète Tristan Tzara.  

Tristan Tzara

Le nom de cet artiste roumain, cofondateur du dadaïsme, est un pseudonyme. Il choisit le prénom Tristan par amour pour l’opéra de Wagner et y accola le patronyme Tzara qui signifie terre  en langue roumaine. « Tristan Tzara » pourrait donc aussi évoquer « triste terre », en souvenir nostalgique de son pays d’origine. En 1916, au café littéraire Le Cabaret Voltaire à Zürich, il fonde avec Hugo Ball, Emmy Hemmings, Jean Arp, Sophie-Taeuber Arp et Richard Hülsenbeck le dadaïsme. 

Revenez sur vos pas et tournez à droite sur l’avenue du Nord.

Sur votre droite vous pourrez vous arrêter un instant sur le tombeau de Ricardo Menon, aisément repérable au gros chat recouvert de céramiques colorées qui la surmonte, la mine riante. Cette sculpture au caractère joyeux a été créée par Niki de Saint Phalle, artiste du nouveau réalisme, pour le tombeau de son assistant. Niki de Saint Phalle était la femme et la collaboratrice de Jean Tinguely avec qui elle sculpta la fontaine Stravinski devant le Centre Pompidou. Niki voulait apporter une nouvelle identité à la matière de notre quotidien, pour lui donner une dimension à la fois poétique et ludique.

Continuez jusqu'à l'avenue de l'Est et tournez à gauche. 

Un peu plus loin sur l'avenue de l'Est, sur votre gauche, vous pouvez également contempler une autre œuvre de Niki de Saint Phalle : la belle sculpture d’oiseau fantastique tout en mosaïques qu’elle réalisa pour le tombeau d’un ami.

Tombeau de Ricardo Menon.

Continuez sur l’avenue du Nord jusqu’à la sortie du cimetière ; sortez par le portail et reprenez l’autre entrée située juste en face en traversant la rue Émile Richard; prenez ensuite l’avenue du Nord tout droit.

À l’entrée du cimetière, directement sur votre gauche, tout au fond dans l’angle vous apercevez une sculpture semblable à une sculpture érotique des temples indiens.

Constantin Brancusi, « Le baiser »

Il s’agit du tombeau d’une étudiante russe Tania Rachevskaïa, sculptée par Brancusi en 1910. La jeune femme, étudiante à Paris, s’était suicidée par amour. Ses parents demandèrent à Brancusi de réaliser une sculpture pour la tombe de leur fille. Il sculpta alors le fameux Baiser conçu à partir d’un bloc de pierre dans lequel sont ciselés de façon stylisée deux êtres qui s’embrassent, enlacés, inséparables. La sculpture, d’une grande simplicité, exprime à la fois une intensité émotionnelle et une sobriété d’ordre spirituel. Elle est profonde et sincère comme les œuvres de Giotto et l’art populaire roumain. Les deux êtres enlacés incarnent l’amour éternel et évoquent ainsi la légende roumaine selon laquelle deux arbres plantés sur une tombe symbolisent l’amour au-delà de la mort. À cette époque, le sculpteur s’installe 47, rue du Montparnasse, près du photographe Steichen. Il y rencontre en 1910 la jeune peintre Margit Pogany qui sera son amie et dont il va réaliser un portrait qui restera très célèbre sous le titre « Mademoiselle Pogany ». Brancusi ouvre ainsi la voie à la sculpture abstraite.