Introduction


Montparnasse fait partie de ces endroits magiques, comme Montmartre et le Marais, qui incarnent le Paris des Parisiens. C’est ici que les intellectuels se donnent rendez-vous au café le jour et dans les brasseries la nuit, car les discussions enflammées autour de la peinture, de l’écriture et du cinéma n’ont jamais cessé. Dès le début du XXe siècle, les artistes et leurs modèles, les écrivains, les poètes, pour ne pas dire leurs esprits, ont donné leur identité à ces lieux.

Au XIXe siècle, le quartier affiche sa vocation artistique et littéraire : des poètes romantiques comme Chateaubriand, Théophile Gautier et Baudelaire se donnent rendez-vous au café qui deviendra la Closerie des Lilas. Puis vient le tour des symbolistes, Verlaine et Rimbaud qui s’inspirent d’Edgar Allan Poe, que Baudelaire vient de traduire. Les premières écoles d’art s’y installent dans les années 1860-70 et sont fréquentées par Bonnard et d’autres membres du mouvement des Nabis, ou encore Camille Claudel, Gauguin, ainsi que des artistes étrangers qui viennent s’inspirer des mouvements artistiques français.

Durant les années 1910, Montparnasse est d’abord ce quartier mythique de l’effervescence artistique avec un goût marqué pour tout ce qui est russe : les ballets russes, les costumes portés par l’artiste et mécène Marie Vassilieff, la musique de Stravinsky, les peintures de Chagall, ou encore les salons littéraires d’Hélène d’Oettingen. Pendant près de quarante ans, dans les maisons et les passages des ateliers, les peintres Picasso, Matisse, Modigliani, Soutine, Foujita et bien d’autres, les écrivains Rimbaud, Verlaine, Cendrars, Joyce, Hemingway, Pound, de Beauvoir, Sartre… les sculpteurs Bourdelle, Brancusi, Giacometti…  peuvent trouver un logement pour peu d’argent, souvent sans eau et sans électricité. Après  tout, on se réchauffait dans les salons littéraires des Stein et dans les brasseries du Boulevard Montparnasse. Pour les artistes, il était d’une nécessité fondamentale d’échanger afin d’être inspiré. Ici, sous le rythme brûlant du jazz et la voix suave de Joséphine Baker, vont s’ouvrir les premiers « bals nègres », hauts lieux de l’avant-garde durant les années 1920 avant de gagner le grand public. 

Au XVIIe siècle, Montparnasse qui constitue la limite sud de la ville, marquée à partir de 1784 par les pavillons de douane de Claude Nicolas Ledoux, est appelé Mont Parnassus comme la montagne grecque, siège des muses, dans la mythologie classique. À Paris, Montparnasse qui forme déjà une élévation par l’exploitation des carrières qui s’y trouvaient jadis (fournissant les galeries des catacombes actuelles), est le nom donné par les étudiants à cette colline de décombres au temps de la Fronde (1648). Le peuple lançait des pierres lors de la rébellion et ce fut le « Mont de Fronde ». Dès la fin du XVIIIe siècle vont s’ouvrir bals publics et cabarets, lieux de fêtes qui n’ont jamais vraiment disparu et dont on retrouve encore les traces aujourd’hui.  

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Andrea Mantegna,
Le Parnasse,
Tempera sur toile,
1496-97
(Musée du Louvre, Paris)
Mars et Vénus entourés des Muses sur la colline du Parnasse.

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Johannes Janssonius,
Lutetia Parisorium Vulgo
Carte de Paris en 1657
Détail: le Mont de Parnasse ou Mont de la Fronde
(Koninglijke Bibliotheek, La Haye)

Après le premier parcours des ateliers d’artistes, sculpteurs et écrivains du quartier, vous pouvez suivre le deuxième parcours, qui vous dévoile les lieux de fête des artistes d’avant-garde, mais aussi leurs habitations à la fois originales et modestes. Modestie qui ne les empêchait pas de célébrer l’art sous toutes ses formes : peinture, sculpture, photo, danse, musique, poésie, littérature, théâtre et cinéma.

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