Introduction


Le Palais-Royal est «la capitale dans la capitale», c’est une ville dans la ville qui ne cesse d’exciter les esprits. En unissant l’histoire politique et culturelle à la culture contemporaine, le palais est à l’image même de Paris. Peu d’endroits témoignent d’une telle concentration en événements historiques. Entre prises de pouvoir, révoltes, fêtes et plaisirs éphémères, le palais accueille tantôt l’aristocratie, tantôt le peuple. Sur les façades, les bas-reliefs et les sculptures du Palais-Royal, on découvre les différentes strates de l’histoire de France, s'échelonnant du XVIIe au XXe siècle.

Le Palais est d’abord un centre du pouvoir politique : il se présente presque comme la continuité naturelle du palais du Louvre, résidence des rois de France du XIVe au XVII siècle, situé juste en face du Palais-Royal, côté rue de Rivoli; cette proximité physique atteste du désir du Cardinal de Richelieu d’être logé au plus près du roi  Louis XIII pour ainsi marquer son pouvoir. 

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Philippe de Champaigne (1602–1674)
Portrait du Cardinal Richelieu
vers 1637, huile sur toile
National Gallery, London

À sa mort, Richelieu fait don de sa demeure au roi. Le « Palais-Cardinal » devient alors « Palais-Royal » et vingt ans après, en 1661, Louis XIV le lègue à son frère Philippe de France, duc d'Orléans. Depuis lors et jusqu’en 1848, l’histoire du Palais-Royal est fortement liée à celle de la lignée des Ducs d'Orléans qui y demeurent presque sans interruption. Ainsi, au XIXe siècle, les Orléans accèdent au pouvoir avec Louis-Philippe, qui y loge brièvement avant de s’installer au Palais des Tuileries.

Le Palais-Royal a été également un centre culturel, avec son théâtre, sa salle d’opéra et son Académie française. Le pouvoir et la culture ne s’attirent-ils pas mutuellement ? Avant même que Richelieu ne construise son palais, il habite l'ancien Hôtel de Rambouillet, anciennement d'Angennes, puis Pisani, situé rue Saint Honoré à l'emplacement de l'actuel Palais Royal. Cet hôtel ne doit pas être confondu avec son homonyme, l'Hôtel de Rambouillet de la rue Saint-Thomas-du-Louvre. Ce dernier abrite déjà l'un des premiers « salons » littéraires parisiens. 

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Mme de Rambouillet
Anonyme, XVIIe siècle

Le salon, tenu par Catherine de Vivonne, Marquise de Rambouillet, est fréquenté par de nombreux artistes et penseurs, parmi lesquels les écrivains François de Malherbe, Corneille, Racan et Madeleine de Scudéry. Le Cardinal de Richelieu, qui habite à coté de la marquise en est également un habitué. Richelieu lui aussi cherche à donner une vocation culturelle à sa résidence en agençant dans le Palais-Cardinal deux salles de théâtre. 

La demeure fut aussi un lieu de volupté, pour ne pas dire de débauche : cette douteuse renommée remonte déjà à l’époque du premier duc d’Orléans, qui, bien que marié à Henriette-Anne d'Angleterre, y installe son amant, le Chevalier de Lorraine. Avec Philippe d’Orléans, qui devient régent à la mort de Louis XIV, le Palais Royal devient le lieu privilégié des festins libertins. À la fin du XVIIIe siècle, il accueille dans ses appartements loués par Louis Philippe d'Orléans, duc de Chartres, duc d’Orléans, puis nommé Philippe-Égalité, des prostituées qui y reçoivent leurs clients, loin des yeux indiscrets et de l’attention de la police, celle-ci étant interdite d’accès dans l’enceinte du Palais puisqu’il s’agit d'un domaine royal. 

L’essayiste Louis-Sébastien Mercier, qui a vécu à la fin du XVIII siècle, écrit à propos du Palais Royal dans son œuvre Tableau de Paris :

« On l’appelle ‘la capitale de Paris’. Tout s’y trouve […] Ce séjour enchanté est une petite ville luxueuse, renfermée dans une grande ; c’est le temple de la volupté, d’où les vices brillants ont banni jusqu’au fantôme de la pudeur : il n’y a pas de guinguette dans le monde plus luxueusement dépravée ; on y rit et c’est l’innocence qui rougit encore. »

Cette alternance constante entre pouvoir, culture et volupté a donné une identité très originale au Palais-Royal.

Aujourd’hui, en dehors du Ministère de la culture et de la communication, le Palais-Royal abrite le Conseil d'État, dont la fonction est de conseiller le gouvernement dans l’adoption de projets de lois. Le Conseil Constitutionnel, autre institution établie au Palais Royal, veille, depuis sa création en 1958, à la régularité des élections nationales et se prononce sur la conformité constitutionnelle des lois et de certains règlements dont il est saisi. 

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