La galerie Véro-Dodat


Longez la rue Croix des Petits-Champs et vous vous trouvez bientôt à l’entrée de la Galerie Véro-Dodat construite en 1837 par le charcutier Véro et le financier Dodat pour réaliser un investissement financier. De par son confort et sa décoration, il s’agit bien d’une galerie et non pas d’un passage. Les deux investisseurs ont voulu profiter de la proximité avec le Palais-Royal et les Halles pour créer un lieu élégant, séduisant la nouvelle bourgeoisie par des boutiques de luxe. La galerie hébergeait une agence de voyage, les Messageries Lafitte et Gaillard, qui offraient à leurs clients aisés le transport en carrosse pour rejoindre les provinces de France. Les plafonds peints de la galerie représentent d’ailleurs toujours Hermès, le messager des dieux et protecteur des voyageurs et des commerçants. Le style empire de ces peintures rappelle la renaissance d’un goût pour la mythologie romaine, peut-être grâce à la découverte de Pompéi (vers 1763) et aux fouilles menées à Herculanum en 1828. 

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Georges Dubosc,
Diligence des Messageries Lafitte et Gaillard,
Huile sur toile, 1894

En attendant son carrosse, on pouvait flâner, faire ses courses dans l’une des somptueuses boutiques, prendre un café ou dîner dans l’un de ces endroits de luxe décoré en bois d’acajou et en cuivre. Les colonnettes en bois qui séparent les boutiques ont toutes des chapiteaux ornés du caducée d’Hermès, un bâton entouré de deux serpents entrelacés, contourné par deux ailes signifiant la bonne entente. Le bâton même est le symbole du commerce, le tout est surmonté de cornes d’abondance, symboles de la richesse. Les galeries sont à la fois le résultat de l’industrialisation par l’usage de nouveaux matériaux de construction comme le fer et le verre et constituent aussi une nouvelle façon de consommer : flâner sans but précis, au hasard des boutiques regroupées sous un même toit. L’endroit se présente comme un lieu de « passage » d’un quartier à l’autre. Les galeries comme les passages permettent aussi aux passants de rester protégés les jours de pluie, de ne pas marcher dans la boue (le pavement des rues n’existant pas encore à l’époque), ou d’éviter le danger qui hantait Baudelaire : celui d’être renversé par un carrosse. 

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