Le jardin et les galeries du Palais-Royal


Dans le passage entre la rue de Valois et la cour intérieure du Palais vous pouvez apercevoir les bureaux du Ministère de la Culture. 

Les arcades contournant le jardin intérieur du palais abritent les galeries Valois, Beaujolais et Montpensier, construites en 1784 par Victor Louis, sur la demande de Louis-Philippe II, Duc d'Orléans, le futur Philippe-Égalité. Louis est aussi l’auteur du Théâtre français qui loge aujourd’hui la Comédie-Française. Ces trois galeries couvertes présentent un ensemble homogène dégageant la tranquillité d’un lieu protégé, bien qu’il fût, au contraire, dans le passé un lieu très mondain, où le Tout-Paris se hâtait pour voir et être vu. Cet ensemble architectural est inspiré des arcades de la place Saint Marc à Venise. L’élégance du lieu devait retenir le public sur place après la sortie du théâtre, afin qu’il puisse continuer ses dépenses dans les nombreuses salles de jeux, les restaurants, les cafés et les boutiques de luxe. Les premières réactions lors de la construction des galeries qui clôturent le jardin pour l’isoler furent hostiles.  Il fallait abattre les vieux arbres datant du temps de Richelieu. Les habitants du quartier se virent ainsi privés de leur promenade habituelle et les écrivains de leur lieu d’inspiration.

La police ne pouvait pas pénétrer dans le Palais. Ainsi, le jardin fut un lieu de prédilection pour les duels (interdits par Louis XVI, mais tolérés durant la Révolution) et pour les rencontres galantes.

172a8707f28633c79ddc21be2d3614148940b897.jpg

Louis-Léopold Boilly, Les galeries du Palais-Royal,
Huile sur toile, 1809
Paris, Musée Carnavalet

083af1d57f8a4718ff3361fc57723ea710b9e868.jpg

Louis Le Coeur, La Promenade du Jardin du Palais-Royal,
Gravure, 1787
London, British Museum

438fbd499777cee1d7e952df306a6bf8b54c745f.jpg

Palais-Royal, la sortie du 113, 1815
Opiz, Georg-Emmanuel (1775-1841), Dessinateur
Paris, Bibliothèque nationale de France

c43ffe156d290e0f3d111ac1ff6fa12ddc1e5b6d.jpg

Banque France, Escalier à double évolution,
48 rue de Valois (et 33 rue Radziwill), Paris I°
Photo: Blue Lion (2011)

Après le théâtre, le jeu ou le dîner, le public masculin pouvait prolonger la soirée chez les prostituées qui se tenaient à la proximité du Palais. Juste en sortant au fond du jardin, à droite de la rue des Petits-Champs, on peut encore apercevoir un vestige de l’un de ces bordels, rue de Radziwill, à l’entrée du premier immeuble à droite (aujourd’hui Banque de France). Un escalier à double vis permettait aux aristocrates d’éviter de se croiser lors de la montée ou de la descente des chambres.

Le jardin s’ouvre sur une pelouse entourée de fleurs, où l’on trouve aussi le Petit Canon du Palais-Royal.

35c4b264d5edeb539a798e454407aa188c229496.jpg

Le petit canon
© Blue Lion (ACZ, 2012)

4045229b3226987ba9e2934e1c554466be02cfdc.jpg

Le petit canon (détail)
© Blue Lion (ACZ, 2012)

Lorsque le Duc d'Orléans fait construire les galeries, l’une des méridiennes les plus consultées de Paris, située rue des Bons-Enfants, dut être éliminée. Le duc d’Orléans promit alors de la remplacer par un canon solaire. Celui-ci fonctionnait avec une loupe qui déclenchait, au passage du soleil, un coup de canon. Ainsi les Parisiens pouvaient à nouveau régler leurs montres sur l’heure de midi. Après avoir été dérobé en 1998, le canon a été remplacé, d’abord par une copie muette, puis remis en fonction en 2011.

En 1787, un somptueux cirque était construit au cœur du jardin, à moitié enterré pour ne pas obstruer la belle vue. On y accédait par des couloirs souterrains. Il accueillait les danseurs lors des bals et des fêtes foraines, mais était aussi une salle de concert qui divertissait la foule. Celle-ci ne semblait plus vouloir quitter ce lieu magique où l’on pouvait se distraire par toutes sortes de plaisirs et de vices. Le cirque disparut en 1798, lors d’un incendie. 

En 1867, pour accueillir les nombreux visiteurs de l’Exposition universelle, l’un des pavillons de l’exposition fut temporairement placé dans le jardin. 

Les galeries du Palais-Royal

a9c96c9d3abc5c2ab41e91a8e14000b72097f23f.jpg

Les galeries du Palais-Royal
© Blue Lion (ACZ, 2011)

bd415f6a083e5bcd87a77414cc13023cc06d8e44.jpg

Le Campion - Sergent, 1807 Vue du jardin du Palais-Royal, avec le nouveau cirque, 1807
Brown University

Les galeries contournant le jardin, premières « galeries commerciales couvertes » réalisées en bois, peuvent être envisagées comme le prototype des passages parisiens dont environ cent cinquante vont être construits entre 1800 et 1850.  Cet ensemble architectural est constitué de trois galeries : la première, tout de suite sur votre droite, est la galerie de Valois placée côté oriental du palais ; au fond du jardin, elle est prolongée par la galerie de Beaujolais et, côté occidental, la galerie de Montpensier. Ce sont les noms des trois fils du Duc d’Orléans, Philippe-Égalité. En commençant votre visite par la galerie de Valois, vous découvrez au numéro 177, jadis propriété du coutelier Badin, la boutique où Charlotte Corday avait acheté pour quarante sous le poignard avec lequel elle tua Marat. Cela est mentionné lors de son procès du 13 juillet 1793. Puis, au numéro 142 de la galerie de Valois, la parfumerie Shiseido mérite une visite pour ses peintures murales inspirées du style Empire et rappelant le décor du restaurant le Grand Véfour, mais aussi pour son magnifique escalier en fer forgé.
Au bout de la galerie de Valois sur votre gauche, la galerie de Beaujolais clôture le jardin. Au numéro 9 de la Rue de Beaujolais, située à l’arrière de la galerie, correspondant aux boutiques numéros 92 et 93, habita Colette

3ca1865291cfbf89e557c93c716edba2386637fa.jpg

Colette dans son appartement au Palais-Royal, 1932
Bibliothèque nationale de France

a9d43b56929ba3572087ba8ffcf9dc5a43d568aa.jpg

Léopold-Émile Reutlinger, Colette Rêve d'Égypte, 1907
Photo: Wikimedia

394f03f4c7a29138a116ea1238313d159de7e25e.jpg

Jacques Ferdinand Humbert,
Portrait de Colette,
huile sur toile, 1896.

Elle séjourna à la même adresse à deux reprises : la première fois de 1927 à 1929 dans un entresol, qu’elle appelait « mon tunnel » ; puis, de 1938 à sa mort, en 1954, elle retourne à la même adresse, mais habite le premier étage avec vue sur le jardin. Dans ses livres comme De ma fenêtre (1942) ou Trois… six… neuf… (1944), l’écrivain a rendu immortel le charme du Palais. À la fin de sa vie, elle se perçoit comme «l’âme du Palais-Royal». Son appartement donne alors sur les jardins du Palais et lorsque vous lèverez les yeux vers le balcon, vous découvrirez un C, en forme de lune, entrecroisé d’un soleil, ou serait-ce une étoile? Jour et nuit se confondent comme dans les écrits de Colette et comme dans le Kiosque des noctambules de Jean-Michel Othoniel. Les funérailles de cette femme moderne se sont tenues dans la Cour d’Honneur du Palais-Royal. 

Jadis, l’emplacement des boutiques était occupé par des cafés, des restaurants et des salles de jeux très fréquentés par la bohème parisienne. Le seul restaurant qui a résisté au temps est Le Grand Véfour, placé au fond à gauche, 17 rue de Beaujolais, que l’ancien cuisinier de Philippe-Égalité, Jean Véfour, ouvrit en 1820 à la place du Café de Chartres, un lieu très à la mode qui avait été fréquenté par les révolutionnaires Robespierre, Danton, Marat, Desmoulins et des écrivains comme Restif de la Bretonne. Napoléon y rencontra Joséphine. Au XIXe siècle, ce lieu fut particulièrement apprécié des écrivains comme Madame de Staël, Gustave Flaubert, Alphonse de Lamartine, Edmond de Goncourt, Victor Hugo, Honoré de Balzac, Émile Zola et George Sand. Au XXe siècle, Colette et Jean Cocteau en firent leur cantine. Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, André Malraux, Louis Aragon, Jean Giraudoux et Elsa Triolet furent aussi des habitués. Les menus étaient dessinés par le même Cocteau. Dans le monde du spectacle Juliette Gréco, Louis Jouvet et Marcel Pagnol ont également fréquenté le restaurant. Un coup d’œil à travers les vitres permet de voir le délicat et somptueux décor, style Empire, marqué par le renouvellement des fouilles menées à Pompéi et à Herculanum à l’époque napoléonienne. Cocteau, ami de Colette, était aussi son voisin. En 1940, durant l’occupation allemande, l’auteur des Enfants Terribles (1929), qui était aussi artiste, poète, écrivain et réalisateur, notamment du célèbre film La belle et la bête (1946), aménage un entresol au numéro 36 de la rue de Montpensier. 

Si vous sortez du Palais-Royal au niveau du Grand Véfour et tournez à gauche, vous apercevez immédiatement le Théâtre du Palais-Royal, anciennement théâtre des petits comédiens du comte de Beaujolais, modifié depuis.
Retournez à la galerie de Montpensier n° 24, la boutique de Didier Ludot est le « Graal » de la mode vintage, où des habits de haute couture des années soixante et soixante-dix séduisent des clientes comme Madonna, Nicole Kidman ou Kate Moss. 

La Révolution Française au Palais

757b3a1a7e36e2517007bc551100b392cdf64e8b.jpg

Pierre-Gabriel Berthault et Jean-Louis Prieur, Motion faites au Palais-Royal par Camille Desmoulins, 12 juillet 1789,
eau-forte, 1802.

Comme le Duc d’Orléans avait ouvert le jardin du Palais-Royal au public, celui-ci devint un lieu de rassemblement populaire. Au début de la Révolution française, c’est ici même qu’est parti le peuple agité. Une émeute qui a conduit à «la prise de la Bastille». C'est ici aussi que se rassemblèrent les femmes qui marchèrent sur Versailles peu de temps après, en réclamant du pain à la reine Marie-Antoinette. Cette dernière aurait répondu avec insouciance : « s’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ». Puis le 12 juillet 1789, ce fut sur une table du café Foy (au n° 50 – 60 de la galerie Montpensier), située sous les arcades, que Camille Desmoulins tint son célèbre discours invitant les promeneurs à arborer le signe de la feuille verte, symbolisant l’espoir. 

Tournage de films au Palais-Royal

Le Palais-Royal est aussi l’un des lieux parisiens les plus fréquentés de la capitale pour les tournages de films. On en compte au moins une quinzaine, mais il est fort probable que le nombre soit bien supérieur. Entre autres, ont été tournés au Palais :

Charade (1963), de Stanley Donen avec Cary Grant et Audrey Hepburn
Interview with the Vampire (1974), « Entretien avec un vampire », de Neil Jordan, avec Brad Pitt, Tom Cruise et Antonio Banderas
Hommes, femmes, mode d’emploi (1996), de Claude Lelouch
The Da Vinci Code (2006), de Ron Howard, avec Tom Hanks
Paris (2008), de Cédric Klapisch, avec Juliette Binoche et Fabrice Luchini
The Tourist (2010), de Florian Henckel von Donnersmarck, avec Johnny Depp et Angelina Jolie
Marathon Man (1976) de John Schlesinger, avec Dustin Hoffman et Laurence Olivier
L'obscure objet du désire (1977) de Luis Buñuel, avec Fernando Rey et Carole Bouquet

Plan

Informations

Prochaines étapes

logo.png