Adolphe Thiers


Né en 1797 dans une famille bourgeoise marseillaise commerçante pieuse et royaliste, Thiers est attiré par la gloire de Napoléon et l'héritage de la Révolution . 

L’étudiant en droit, devenu journaliste, part pour Paris, centre du pouvoir et de l'argent.

Il épouse une riche héritière qui lui ouvre l’accès à la grande bourgeoisie.

Ce mariage lui apporte une fortune et un hôtel particulier dans le quartier à la mode place Saint Georges, où il reçoit tous les gens importants.

Alors, qu’en 1815, il condamne la Restauration comme «le gouvernement de l'étranger», lors des journées révolutionnaires de 1830 qui renversent Charles X, il est de ceux qui poussent Louis-Philippe d'Orléans, son cousin, à prendre le pouvoir.

Ministre de l’intérieur, en avril 1834, il réprime dans le sang la seconde révolte des canuts, les tisserands de Lyon, au prix de 600 morts et 10.000 arrestations.

Il crée le délit de «crime politique» (délit d'opinion) passible de la forteresse et fait jeter Blanqui dans les cellules du Mont-Saint-Michel.

Il est partisan d'un suffrage «censitaire» (limité à ceux qui paient assez d’impôts), opposé à l'impôt sur le revenu, et à la légalisation des associations ouvrières, comme à toute réforme du droit du travail. Louis Philippe en fait son premier ministre en 1836.

En 1841, il fait construire les fortifications de Paris dont les canons sont tournés aussi vers l'intérieur de la ville. Il approuve la répression sanglante contre les ouvriers en juin 1848.

Il appuie la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence mais condamne le coup d’État de 1852 et se tient à l'écart de la politique pendant le Second Empire.

A l’écart de la politique sous le second empire, il fait fructifier sa fortune qui devient considérable. Il est aussi gros actionnaire de la Compagnie Générale d'Assurances sur la vie.

Avec le banquier Casimir Périer, il est le symbole de la fusion des intérêts privés et de l'appareil d'État. Balzac dira de lui « Monsieur Thiers n’a jamais eu qu’une seule pensée : il a toujours songé à Monsieur Thiers …»

Le bourreau de la Commune de Paris

Après la chute de l’empire il n'a qu'une hâte : conclure un armistice. Il prévoit la perte de l'Alsace Lorraine et de lourds dommages de guerre.

Les élections sont organisées en hâte et une assemblée conservatrice est élue qui nomme Thiers «chef du pouvoir exécutif de la République française» le 17 février 1871 à Bordeaux.

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Le gouvernement provisoire d'Adolphe Thiers 1870-1871. Photo (montage) d'Ernest-Eugène Appert, noms manuscrits. 1870

Mais le peuple de Paris assiégé refuse l'armistice et se soulève : l'Assemblée se replie à Versailles et Thiers organise l'écrasement de la Commune.

La répression est terrible : exécutions sommaires, procès expéditifs condamnant des communards à la mort, au bagne ou à la déportation. Pour Georges Clémenceau, Thiers est «le type même du bourgeois cruel et borné, qui s’enfonce sans broncher dans le sang».

Thiers devient le premier président d’une République socialement conservatrice et politiquement libérale. Il meurt en 1877.

La «République conservatrice» en fit un héros dont le nom est donné à des rues, mais son souvenir populaire est tout autre, celui d'un bourreau.

 

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