Le contexte de la Commune
En 1870, la société est très nettement divisée en deux : riches patrons et nantis contre ouvriers, artisans et petit peuple vivant au jour le jour.
Dans les rues on entend le vacarme des carrioles sur les pavés, les cris des vendeurs ambulants, le tapage des ateliers, quand d’autres arpentent le bois de Boulogne et profitent de l’ombre des marronniers, qu’apprécie tant le baron Haussmann.
Napoléon III est au pouvoir depuis le 10 décembre 1848, il restaure l’Empire, avec la bénédiction des nantis. Par le coup d’Etat du 2 décembre 1851, il met fin à la 2e République.
Haussmann, préfet de la Seine, administre Paris depuis 1853. Il est le responsable des grands travaux commandés par Napoléon III pour rendre Paris plus salubre et en faire une ville admirée de toute l’Europe. Mais c’est surtout le moyen de démolir les vieux quartiers parisiens qui, depuis 1789, constituent les principaux foyers révolutionnaires de la ville.
Les révolutions de 1830 et de 1848 sont encore dans toutes les mémoires.
De 1860 à 1870, Paris a vu le nombre de ses habitants doubler. Ils sont près de deux millions. Venus nombreux de province pour y trouver un travail, ils vivent dans la misère. Les plus riches habitent dans des immeubles cossus, alors que les pauvres s’entassent dans des mansardes insalubres aux loyers exorbitants, souffrant de froid l’hiver et de chaleur l’été.
Les quartiers populaires restent nombreux : Saint-Antoine, quartier des ébénistes, La Villette celui des bouchers et le XIIIe arrondissement, celui des tanneurs (la Bièvre n’est pas encore recouverte).
La révolution industrielle débute, il faut du monde pour faire tourner cette machine. Une nouvelle classe ouvrière non qualifiée, apparait.
Les journées de travail comptent en moyenne douze heures et les gamins dès leur plus jeune âge sont embauchés pour quelques sous dans des ateliers où les accidents sont monnaie courante.
Pour les femmes, payées 50 à 70% de moins que les hommes, c’est la misère noire et la plupart d’entre-elles ont recours à la prostitution pour nourrir leur famille. Il n’y a aucune protection sociale.
La répression contre les ouvriers ne va pas les empêcher de s’organiser. En 1864, Napoléon III doit leur accorder le droit de grève, tolère le développement de coopératives, mutuelles …
Napoléon III déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. L’accumulation des défaites militaires conduit le pays à la catastrophe et l’Empereur à sa perte : il est fait prisonnier à Sedan le 2 septembre.
La République est proclamée le 4 septembre 1870 et un gouvernement de Défense Nationale est élu.
Le siège de la capitale par les armées prussiennes va durer quatre longs mois. Le froid et la faim frappent très durement les quartiers populaires. Malgré cela, le peuple est galvanisé, il veut défendre sa patrie, son honneur et refuse la capitulation du gouvernement.
Fin 1870 est créé le Comité central républicain de Défense Nationale des 20 arrondissements. Le 7 janvier 1871, ce comité réclame, dans une proclamation connue sous le nom d’Affiche Rouge, la formation d’un gouvernement populaire, les habitants des quartiers populaires s’engagent et viennent grossir les rangs de la Garde Nationale désormais ouverte à tous. Ces bataillons vont se fédérer le 15 mars 1871 pour coordonner leurs actions, d’où l’appellation de Fédérés.
Le gouvernement de Défense Nationale a peur de ce peuple en armes et signe l’armistice avec les prussiens le 28 janvier 1871. L’abandon de l’Alsace et la Lorraine cédées à la Prusse et l’énorme rançon en or provoquent la colère des parisiens.
Le 8 février le gouvernement organise des élections. Il en ressort une Assemblée majoritairement royaliste et rurale, avec comme chef de l’exécutif : Adolphe Thiers.