La rue Schœlcher
11 bis, rue Schœlcher
Dans l’appartement du rez-de-chaussée de cet immeuble habita l’écrivain, philosophe et féministe, Simone de Beauvoir (1908-1986), célèbre pour avoir fondé l’existentialisme avec son grand ami et « amour nécessaire » Jean-Paul Sartre. Cette philosophie postule que l’homme est responsable de ses actes, qu’il choisit en toute liberté. Ainsi, Simone de Beauvoir déclare dans Le Deuxième sexe: « on ne naît pas femme, on le devient ». L‘existentialisme devient l'un des sujets de la revue philosophique et littéraire Les temps modernes que Beauvoir publie avec Sartre, Raymond Aron, Michel Leiris, Maurice Merleau-Ponty et Boris Vian.
En 1955, elle s’installe rue Schœlcher avec le cinéaste Claude Lanzmann qu’elle avait rencontré en 1952 et qui partage sa vie jusqu’en 1959. L’auteur des Mémoires d’une jeune fille rangée avait obtenu le prix Goncourt pour Les Mandarins. Elle qui est née à Montparnasse y restera pendant 30 ans. Lorsqu’elle meurt en 1986, Claude Lanzmann reprend la direction des Temps modernes.
Quelques années auparavant, dans le même immeuble, Anaïs Nin écrit les premières pages de son Journal.
Avancez jusqu'au n°5 bis de la Rue Schœlcher
En 1912, après avoir habité 242, boulevard Raspail, Picasso installe son atelier au numéro 5 de la rue Schœlcher. Il y poursuit ses recherches sur le cubisme avec son ami proche Georges Braque. Désormais, on ne parle plus de cubisme analytique, mais de cubisme synthétique, qui se démarque du premier par l’introduction de la couleur et des papiers collés dans l’œuvre. Dans leurs tableaux, les formes sont réduites à l’essentiel, « synthétisées », mais toujours comme si on approchait la figure par des angles de vue multiples, de telle sorte que le spectateur doit reconstituer le sujet mentalement. À cette époque, Picasso fréquente le salon artistique de Léo et Gertrude Stein. Il commence à avoir du succès, et la même année, il signe un contrat avec le marchand Daniel-Henry Kahnweiler.
C’est dans cet atelier que Picasso vit avec sa deuxième compagne Eva Gouel. Elle apparaît dans ses peintures et ses collages cubistes sous le pseudonyme « ma jolie ». Mais le bonheur ne dure pas, car malade de la tuberculose, Eva meurt en 1915. Cet épisode douloureux introduit dans la peinture de Picasso la représentation de la mort. D’autant plus que Picasso voit ses amis de Montparnasse partir à la guerre. Georges Braque, son ami le plus intime à l’époque, est mobilisé et gravement blessé en 1915. Le poète cubiste, Guillaume Apollinaire est touché d’un éclat d’obus à la tête en 1916. Pour se remettre du décès d’Eva, qui l’a tant fait souffrir, Picasso décide de déménager pour Montrouge.