La Comédie-Française
Le Palais Royal a depuis toujours abrité un théâtre, jadis situé à l’angle de la rue de Valois et de la rue Saint-Honoré. Sous Richelieu, il appartient à Corneille ; pendant la régence d’Anne d’Autriche et le règne de Louis XIV, il devient celui de Molière.
C’est sur la scène du théâtre que Molière, en jouant le rôle principal dans Le Malade imaginaire, est victime d’un malaise qui lui sera fatal. Le 17 février 1673, après le spectacle, il est transporté à son appartement au n° 40 de la rue de Richelieu (rue parallèle à la rue Montpensier), où il meurt dans l’heure. Selon certains témoignages, le public l’aurait applaudi en croyant qu’il était en train de jouer son personnage. Une plaque sur la façade du n° 40 le remémore et, quelques pas plus loin, toujours sur la rue de Richelieu, une sculpture monumentale surplombant une fontaine lui rend hommage en le représentant dans toute sa puissance théâtrale. Pourtant, Molière ne reçoit pas les derniers sacrements puisqu'il n’a pas signé la renonciation au métier de comédien, condition imposée par l’Église à l’époque. Il était donc excommunié. Néanmoins, l’archevêque décide, par égard pour la notoriété de Molière, de lui concéder une sépulture chrétienne au cimetière de Saint-Joseph, à condition que la cérémonie se déroule de nuit et dans la plus grande discrétion. Après son exhumation en 1792 par la Révolution, les restes de Molière sont transférés au cimetière du Père Lachaise en 1817, où ils reposent encore aujourd’hui.
Juste en face de l’ancienne habitation de Molière, au numéro 39 de la rue de Richelieu, vécut, au XVIIIe siècle, le philosophe et écrivain Denis Diderot.
La troupe de Molière, chassée du Palais Royal, mais conservant son titre de « Troupe du Roi », continue sous l'impulsion de son épouse Armande Béjart qui, en la fusionnant avec la troupe du Marais et ensuite, en 1680, avec celle du Théâtre de Bourgogne, donne naissance à la Comédie-Française. Par son nom démarquée de la Comédie-Italienne, la Comédie-Française s'installe dans le Théâtre de Guénégaud sur la Rue Jacques Callot.
Après la mort de Molière, l’usage du Théâtre Richelieu est octroyé par le Roi au compositeur de la cour Jean-Baptiste Lully, qui en fait le premier Opéra français.
En 1771, quelques années seulement après sa reconstruction par Philippe le Gros, la salle de l’Opéra est à nouveau détruite par un incendie. C’est alors son fils, Louis-Philippe d’Orléans, futur Philippe-Égalité, qui fait construire le Théâtre français en déplaçant la salle de théâtre de l’autre côté du Palais. Le théâtre, qui abrite depuis 1799 la Comédie-Française, est initialement conçu par l’architecte Victor Louis entre 1786 et 1790, puis restauré en 1861 par la ville de Paris.
Philippe-Égalité garde la tradition théâtrale du palais tout en voulant y introduire la vie de Bohème. Ainsi, pour rentabiliser son investissement dans l’expansion du Palais, il en fait un lieu mondain capable d’attirer un public très varié, de l’aristocratie à toutes les autres classes sociales.
Le Kiosque des Noctambules
Sur la place Colette, en contraste avec le classicisme du palais, vous pouvez découvrir l’originalité de l’entrée du métro le Kiosque des Noctambules, réalisé en 2000 par l’artiste Jean-Michel Othoniel pour célébrer les cent ans du métro de Paris. Une structure d’aluminium sur laquelle sont enfilées de grandes perles soufflées à Murano (réalisées par la verrerie Salviati) forme deux couronnes, l’une rouge, l’autre bleue, l’une de jour et l’autre de la nuit.
Ces couronnes coiffées d’un roi et d’une reine évoquent aussi bien le séjour d’Anne d’Autriche et de Louis XIV que la vie nocturne de l’écrivain Colette, locataire du palais au début du XXe siècle. Cependant, de par leurs aspects kitsch et ludique, les couronnes rappellent aussi le lieu de la fête foraine qui se tenait dans les jardins au XVIIIe siècle. S’agit-il de hochets d’enfants ou plutôt de fantaisies à la Walt Disney ? Cette entrée n’en est pas moins un hommage à Hector Guimard, le fameux architecte des premières bouches de stations de métro en 1900, qui fut par ailleurs l’initiateur du style Art nouveau à la fin du XIXe siècle. Avec la même originalité, Othoniel produit une œuvre qui transforme le quotidien du voyageur en lieu festif. Selon Othoniel, « le rôle politique de l’artiste est de sublimer la ville. »