L'hôpital de La Trinité


L’hôpital  de la Trinité, supprimé en 1790, était autrefois compris entre les n°146 et 160 de la rue Saint-Denis. On peut encore voir son dernier vestige : la fontaine de la Reyne, qui forme l'angle avec la rue Greneta et fut reconstruite en 1733. Au niveau du n°160, vous apercevrez le passage de la Trinité qui donne une assez belle idée de ce que pouvait être une ruelle parisienne au Moyen Âge.

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Le passage de la Trinité (IIe arrondissement).
Si son caractère étroit et sinueux n'est pas sans rappeler les ruelles médiévales,
il ne fut créé qu'en 1827. En effet, après la Révolution
et la destruction de l'hôpital de la Trinité,
l'enclos fut progressivement transformé en rues et passages,
autrefois entièrement occupés par des fabriques.

En 1201, Wilhem Effacuol et Jean de-la-Paslée achetèrent au prieur de Saint-Lazare un terrain d’un hectare pour y bâtir un hôpital qui, selon leurs vœux, accueillerait les pèlerins et les passants. Ils en offrirent la gestion aux Prémontrés de l’abbaye d’Hermières-en-Brie. Par la suite, l’hôpital légua une partie de son terrain pour qu’un cimetière y soit implanté. Les désagréments d’un tel voisinage firent fuir les malades et lorsque les Confrères de la Passion cherchèrent un lieu pour remplacer leur salle de Saint-Maur, ils purent occuper la grande salle moyennant un loyer rondelet. Ils réparèrent les dégâts du temps et transformèrent l’endroit en salle de théâtre. Charles VI lui-même, après avoir assisté à l’une des représentations des Confrères, les autorisa par lettres patentes du 4 décembre 1402 à se réinstaller au cœur de Paris. 

Les Confrères donnèrent donc leurs spectacles dans cette salle pendant près de 150 ans. Mais comme les mystères « farcis » de sotties et autres gaudrioles remportaient de plus vifs succès que les miracles de la Passion, ils s’adjoignirent une troupe de « sots » et de « fols » nommée « Les enfants sans-souci ». L’association fut sans doute alléchante pour les finances de la Confrérie mais elle le fut beaucoup moins pour les religieux chargés de l’hôpital. Déjà, en 1536, quand les guerres d’Italie ramenèrent la grosse vérole de Naples et que les hôpitaux furent vite engorgés, le Parlement ordonna qu’on utilisât la salle haute de la Trinité pour accueillir ces infortunés malades, si contagieux que l’Hôtel-Dieu lui-même les refusa. Les Confrères s’y opposèrent farouchement et refusèrent de quitter les lieux. Mais en arguant l’irrévérence des spectacles proposés, les religieux eurent gain de cause et en 1543, les Confrères de la Passion durent plier bagages une nouvelle fois pour s’installer à l’hôtel de Flandres, rue du Coq-héron et enfin, en 1546, à l’hôtel de Bourgogne que le roi leur céda.

Au reste, c’est bien ici, dans cette rue interlope qui fut vouée dès le Moyen Âge au brigandage et à la prostitution, que fut bâti le tout premier théâtre parisien. 

Pour se rendre à notre prochaine étape, empruntez la rue Greneta jusqu’à la place Goldoni. Puis traverser cette petite place jusqu’à la rue Tiquetonne. Vous croiserez la rue Marie-Stuart anciennement rue des Tireboudins, ainsi nommée à cause de la prostitution qui sévissait déjà au XIIIe siècle dans ce quartier. Il faut dire que la fameuse grande cour des miracles étaient à deux pas de là, de l’autre côté de l’actuelle rue Réaumur. 

 

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