« - Tu trembles, Bailly ! »
Au 2, avenue de la Bourdonnais
Aujourd’hui, l’endroit est coquet ; il faut imaginer, à la place de l’alignement des immeubles, le fossé ceignant l’arrière des gradins (il ne sera comblé qu’au milieu du XIXe siècle) et, non loin, la « voirie » (dans le langage du temps la décharge publique) du quartier du Gros-Caillou.
Le savant Bailly, premier maire de Paris, s’est finalement retrouvé devant le Tribunal révolutionnaire, au début de novembre 1793, comparaissant et pour la fuite du roi à Varennes et pour le massacre du Champ de la Fédération qui avait suivi celle-ci d’un mois. La sentence : exécution sur les lieux de son crime. La guillotine est donc dressée au bord de ce qui subsiste de l’autel de la patrie. Ce que voyant, la foule proteste : un sacrilège, on va confondre le sang des martyrs et celui de leur assassin ! Le bourreau démonte l'installation et on choisit, là-bas au coin, la proximité du tas d’ordure, plus adaptée. Bailly attend, en chemise, les mains liées, sous la pluie glaciale de ce 22 Brumaire. Quelqu’un, le voyant grelotter :
- « Tu trembles, Bailly !
- Oui, mon ami, mais c’est de froid. »