Place des Vosges
Balzac n'a pas vécu place des Vosges, mais nous y trouvons quelques souvenirs balzaciens et il serait dommage de ne pas terminer notre parcours sur cette magnifique place qui est aussi l'une des plus littéraires de Paris.
Au n°6 se trouve la maison où Victor Hugo vécut entre 1832 et 1848 et qui est, avec la maison de Balzac rue Raynouard et le musée Carnavalet où habita Madame de Sévigné, la seule maison d'écrivain ouverte au public à Paris.
Théophile Gautier a vécu au second étage du n°8 entre 1828 et 1834. Il fera connaissance avec Victor Hugo en 1829 et avec Balzac en 1835, Gautier commençant alors à travailler pour La Chronique de Paris créée par Balzac. Plus tard, dans ses Portraits contemporains, Gautier réservera une place de choix à son ami Balzac, écrivant en particulier : « Le style le préoccupait beaucoup, et il croyait sincèrement ne pas en avoir. Il est vrai qu'alors on lui refusait généralement cette qualité. L'école de Hugo, amoureuse du seizième siècle et du moyen âge, savante en coupes, en rythmes, en structures, en périodes, riche de mots, brisée à la prose par la gymnastique du vers, opérant d'ailleurs d'après un maître aux procédés certains, ne faisait cas que de ce qui était bien écrit, c'est-à-dire travaillé et monté de ton outre-mesure, et trouvait de plus la représentation des moeurs modernes inutile, bourgeoise et manquant de lyrisme. Balzac, malgré la vogue dont il commençait à jouir dans le public, n'était donc pas admis parmi les dieux du romantisme, et il le savait. […]Aussi se donnait-il un mal horrible afin d'arriver au style, et, dans son souci de correction, consultait-il des gens qui lui étaient cent fois inférieurs. »
Au n°14 de la place des Vosges se trouvait la mairie du VIIIe arrondissement jusqu'en 1860 – la capitale ne comptant jusqu'alors que douze arrondissements. C'est là que les parents Balzac se marièrent en 1797. Bernard-François avait 32 ans de plus que sa femme. Ce fut un mariage arrangé par Daniel Doumerc, fournisseur des armées et ami et protecteur de Bernard-François, et par Claude-Louis Sallambier. Sallambier et Doumerc étaient camarades et francs-maçons. Sallambier cherchait à marier ses deux filles et Balzac, directeur des vivres pour l'armée à Tours, semblait un bon parti pour l'aînée. Les Sallambier étaient des petits bourgeois drapiers-passementiers-rubaniers dans le Marais. Ils inspireront de nombreux personnages de La Comédie humaine.