Dans la Grande Galerie


La Galerie du bord de l’eau a été construite par Henri IV entre 1595 et 1608. Longue à l’origine de 450 mètres, elle permet au roi de passer du château du Louvre, à l’est, au palais des Tuileries, à l’ouest, directement par l'intérieur. Il s'agit donc au départ d'un simple espace de circulation qui n’a pas autre fonction que de relier les deux résidences royales.

Au moment de l'assassinat du Roi en 1610, la galerie est achevée mais ne possède pas encore de décor. Louis XIII puis Louis XIV vont vainement essayer de le mettre en place. En 1639, Nicolas Poussin quitte Rome pour rentrer en France investi d’une lourde mission: réaliser un immense cycle consacré à l’histoire d’Hercule et destiné à orner les 450 mètres de longueur de voûte de la salle. Par ce projet, le Roi entend rejeter dans l’ombre les plus somptueux décors de la Rome contemporaine! Du projet de Poussin, il ne reste que quelques dessins car noyé dans les querelles de la Cour, l’artiste rentre à Rome dès 1642, laissant en plan ce qui aurait été le plus grand cycle décoratif jamais réalisé en Europe.

La galerie, pendant ce temps, a été témoin de quelques évènements: Henri IV y participe à la cérémonie des écrouelles par laquelle le roi soignait miraculeusement des malades atteints de cette affection d’origine tuberculeuse en les touchant. Les malades étaient soigneusement sélectionnés, pour éviter qu’ils soient trop contagieux, puis lavés avant d’être mis en présence du souverain. Les chroniqueurs racontent également que le même Henri IV faisait courir ses chiens dans la galerie, que l’on y chassa le renard et que, pour amuser le futur Louis XIII encore enfant, on y lâcha un chameau... Sous Louis XIV, la galerie accueille plusieurs fois l’exposition des travaux de l’Académie, qui ne s’appelait pas encore le Salon. 

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François Biard,
« Quatre heures, au Salon »,
huile sur toile, 1847.
(Paris, musée du Louvre)

Avec le départ de la Cour pour Versailles, la galerie abrite à partir de 1700 les collections des plans-reliefs aujourd’hui aux Invalides. Le tsar Pierre le Grand viendra d'ailleurs la visiter et se montrera fort intéressé.

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Le duc de Choiseul devant les plans en relief de la Grande Galerie,
vers 1770.
Miniature de Van Blarenberghe décorant une tabatière.
© Collection particulière
Le duc de Choiseul était le ministre de la guerre de Louis XV et avait donc accès, avec quelques autres privilégiés seulement, aux plans en reliefs des villes fortifiées du royaume.
Sur l'image nous voyons que les murs de la Grande Galerie sont encore lambrissés; la voûte conserve son décor, inachevé depuis la fin du règne de Louis XIII, et qui aurait du accueillir le cycle de peintures consacré à l'histoire d'Hercule commandé à Poussin.

En 1774, la galerie est vidée pour préparée l’installation des tableaux du roi mais une fois encore, l’affaire traîne en longueur, faute de moyens. Il faudra attendre l'ouverture du Museum central, le 10 août 1793, soit un an après la chute de la monarchie, pour que les Parisiens puissent venir admirer là les chefs-d’œuvre des anciennes collections royales, saisis et proposés à l’admiration de tous. A partir de ce jour, la Grande Galerie devient le cœur symbolique des collections de peintures du musée.

Les aménagements actuels de la galerie datent essentiellement du XIXe siècle et ont été réalisés à la demande de Napoléon Ier par les architectes Percier et Fontaine.

A mi-longueur de la Grande Galerie prenez l’une des portes de droite qui permet d’entrer dans la salle des États. 

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