Les appartements Napoléon III
Entre 1852 et 1857, Napoléon III fait édifier l’aile Richelieu qui limite la cour Napoléon du côté nord. La construction en est confiée aux architectes Visconti puis Lefuel. Le bâtiment est destiné à abriter le ministère d’État et la Maison de l’Empereur et c’est pour lui que l’on aménage, dans la partie ouest du premier étage, donnant sur la cour Napoléon, une suite de salons et de salles de réception aujourd’hui connue sous le nom d’appartement Napoléon III. Ce nom évoque le style décoratif caractéristique de l'époque, mais il ne faut pas s’y tromper: jamais l’Empereur n’a résidé en ces lieux qui ne sont d’ailleurs pas un appartement au sens classique du terme mais de simples espaces de réception.
L’appartement se compose d’une série de petits espaces assez intimes, aménagés dans le goût du XVIIIe siècle alors très en vogue. Les premières pièces qui ouvrent sur la terrasse montrent des murs tendus de soieries et des boiseries claires rehaussées d’or. En bout d’enfilade, trois grands espaces constituent les salons d’apparat. Le Grand Salon, à l’angle, est le plus impressionnant. De forme carrée, il dispose d’une abondante lumière grâce à cinq ouvertures et un immense lustre central complété par d’autres plus petits. Ses boiseries claires soulignées d’or font manifestement référence aux décors du XVIIIe siècle, en accord avec le mobilier qui a été conservé dans son ensemble. Ce principe d'imitation des styles anciens est caractéristique de cette seconde moitié du XIXe siècle passionnée d'histoire et qui n'hésite pas à mélanger les genres. Ainsi le grand canapé circulaire placé au centre est-il typique de l’époque du Second Empire, tout comme ces curieux sièges à trois places, des «indiscrets», qui permettent à une troisième personne d’écouter la conversation des deux premières sans y être forcément invitée...
Chaises, guéridons et pendules décoratives complètent l’atmosphère d’un lieu où résonnent encore la musique des fêtes et des bals qui y été donnés. Au dessus de la grande arcade qui permet d’entrer dans le salon suivant, une tribune placée en hauteur pouvait accueillir des musiciens.
Le salon suivant est décoré et meublé de la même manière. Il constitue le prolongement logique du Grand Salon et son nom de salon Théâtre rappelle que des spectacles pouvaient y être donnés. Les grands portraits officiels de l’Empereur, dominant la cour Napoléon du Louvre depuis le pavillon central des Tuileries, et de l’Impératrice, figurée à une porte-fenêtre du palais de Saint-Cloud, donnent au lieu une solennité certaine.
La grande salle à manger, plus sombre car ornée de boiseries peintes en noir, ferme l’enfilade. Elle est bordée par un couloir de circulation réservé autrefois au service et qui permettait au personnel de disposer sur les dessertes les plats ensuite servis aux convives attablés là.
Après la Commune, l’aile Richelieu restaurée est affectée au ministère des Finances qui utilise les salons comme espace de réception. C’est à cette administration que l’on doit la préservation du lieu. Installé là provisoirement en 1872, le ministère ne déménagera qu'en 1989, soit 117 ans plus tard!