Les usines Pathé


Avec l’implantation des usines Pathé en 1898 par les frères Charles et Emile Pathé, Chatou ajouta à son statut de ville résidentielle celui de pôle industriel de premier plan, la commune devenant le berceau de l'industrie phonographique française. On produisait alors sur le site cylindres et phonographes.

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Les usines phonographiques Pathé vers 1905

Le phonographe à cylindre Pathé « Le Coquet » d'Hubert Pernot (Source: Gallica, BNF)

Le phonographe à cylindre Pathé « Le Coquet » d'Hubert Pernot

En 1906,  les usines commencèrent la production de disques, lesquels se substituèrent complètement aux cylindres en 1927.

En 1919, les frères Pathé séparèrent leur activité et le site de Chatou fut désormais le lieu de production de la nouvelle "Compagnie des Machines Parlantes" d'Émile Pathé. La production nouvelle des appareils radio à partir de 1923 porta le chiffre d'affaires de l'entre-deux-guerres.

En 1929, pour faire face à l’expansion de la production du groupe, dont la branche phonographique venait d’être rachetée par la société Columbia britannique également propriétaire de His Master's Voice, la Compagnie obtint le permis de construire d’une nouvelle usine, dont la réalisation en style Art déco fut confiée au cabinet d’architectes londonien Wallis, Gilbert & Partners de 1929 à 1931, entré depuis dans la postérité pour ses bâtiments industriels Art Deco.

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L'ancien bâtiment industriel de Pathé-Marconi, vers 1950

En 1936, le consortium franco-britannique des marques Columbia,  La Voix de Son Maître et Pathé fut réuni sous le nom des Industries Musicales et Électriques Pathé-Marconi.

La production du site, entamée par la Grande Guerre puis la crise de 1929, fut portée dans l'entre-deux-guerres par celle des appareils de TSF dont Emile Pathé avait fait un axe de développement à partir de 1923.

Après-guerre, la production s'accrut et le catalogue de disques  Pathé-Marconi fut enrichi par la production des labels Cetrasoria, Pathé-Vox, Capitol et Metro-Goldwyn-Mayer.

Au milieu des années cinquante, Pathé-Marconi put se vanter de proposer  "le répertoire le plus prestigieux du monde" dont le président emblématique de 1949 à 1959, Pierre Bourgeois, assura avec ferveur la promotion.

Parmi les artistes produits, mentionnons Edith Piaf, Franck Sinatra, Charles Trenet, Yves Montand, Tino Rossi, Maurice Chevalier, Joséphine Baker, Luis Mariano, Annie Cordy, les Compagnons de la Chanson, Gilbert Bécaud, Bourvil, Yvette Horner, Georges Guétary, Nat King Cole, Line Renaud, Jean Sablon, les Beatles, Charles Aznavour, Maria Callas, Enrico Caruso, Arturo Toscanini, Arthur Rubinstein, Herbert Von Karajan, Otto Klemperer, les orchestres de Ray Ventura, Jacques Helian, Aimé Barelli,  Benny Goldmann, Cab Calloway, Duke Ellington, Count Basie, Artie Shaw, Louis Armstrong, Ray Anthony ...La liste semble inépuisable.

Dans les années cinquante le groupe Pathé-Marconi employait près de 3000 ouvriers sur son site de Chatou de 40.000 m2, celui-ci restant actif jusqu’en 1992, employant de nombreuses familles de Chatou et des environs.

Dans l'usine Pathé-Marconi fut fabriqué en 1951 le premier disque microsillon en Europe continentale.

De 1946 à 1959, le site produisit en série les premiers appareils de télévision "La Voix de Son Maître."

Mais en 1990, à la suite de la crise économique, d’une concurrence devenue mondiale et de différents choix stratégiques contestables, la société EMI propriétaire de l'usine délocalisa la production de ses disques en Allemagne puis en Hollande.

L’usine Art déco de Chatou, dernier bâtiment survivant de cette grande époque, ferma définitivement ses portes en 1992 pour être rasée en 2004… au bénéfice d'une Zone d'Aménagement Concertée de la municipalité prévoyant sa destruction.

Celle-ci eut lieu malgré l'alerte lancée par une association de Chatou, Chatou Notre Ville,  qui recueillit de nombreuses pétitions y compris d'artistes, d'élus régionaux ou de l'Assemblée Nationale et la proposition de Pathé, branche cinéma séparée de l'industrie phonographique depuis 1919, d'apporter ses collections à la création d'un lieu de mémoire dans l'usine.

Le choc provoqué par l'annonce de la démolition suscita des articles de presse dans Le Monde, Le Figaro, Le Moniteur des Travaux Publics ainsi qu'un  reportage de Claire Chazal sur TF1. Cette affaire a ouvert une plaie qui n'est pas encore aujourd'hui refermée.

Si Pathé fut l'activité la plus connue de Chatou, il faut également  noter l'installation entre 1921 et 1929 du constructeur d’automobiles sportives George Irat lequel produisit un millier de voitures au 37 boulevard de la République à l'emplacement de l'actuel site Thales.

Seuls Chatou et Poissy peuvent s'enorgueillir d'avoir un passé automobile dans le département des Yvelines.

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