La consonance de ce nom me fait toujours vibrer! Il contient à lui seul tous les membres d’une famille aux ramifications multiples. C’est en Bretagne que se situe leur berceau, et le plus vieux de leurs ancêtres est un certain Guéthénoc, qui participa à la bataille de Hastings aux côtés de Guillaume le Conquérant. La maison de Rohan est donc l’une des plus vieilles familles princières de Bretagne, avec celles de Clisson et de Laval.
En 1700, le Prince de Rohan-Soubise fait construire sur ce vaste terrain l’hôtel de Soubise, que nous allons voir. (Le Prince de Soubise épouse Anne de Rohan, dernière descendante, et prend donc son nom, par privilège royal; mais la famille de Soubise était déjà reliée à celle des Rohan - l’arbre généalogique est foisonnant - la noblesse du sang était ainsi préservée!)

Cet hôtel-ci était pour son fils, alors que lui-même allait demeurer dans celui de Soubise; les jardins des deux hôtels sont communs. Gaston de Rohan est sous Louis XIV un grand nom de l’Église. Il est grand Aumônier, Archevêque de Strasbourg... et académicien, car ce prince-archevêque est d’une culture immense. 

Les Rohan donnent à l’Archevêché quatre de leurs fils, d’où le nom de la rue que nous avons empruntée. Ces Princes-archevêques partagent leur résidence entre Paris, ici-même, Saverne (Alsace), où ils possèdent un château somptueux, et Strasbourg pour y accomplir leurs offices.

Leur descendant, le cardinal Louis de Rohan est le « dindon de la farce » de l’affaire du collier de la Reine. Il est arrêté à Versailles en 1786. 

Cet hôtel est de style classique (il date de la fin du règne de Louis XIV), et présente entre autres, au niveau des écuries, le magnifique ensemble des « chevaux du Soleil », haut relief réalisé en 1735 par Robert Le Lorrain. 

Cette œuvre, splendeur du style Rocaille, est visible comme copie à la Cité de l’architecture… Mais l’original reste là ; on peut le contempler pendant les journées du Patrimoine.

Traversons ces jardins classiques et romantiques qui viennent juste d’être ouverts au public. Dirigeons-nous vers la magnifique cour d’honneur de cet hôtel apparenté à celui que nous venons de quitter... Allons voir celui du père!