L'arc du Carrousel
L’endroit où vous vous trouvez à présent n’a plus aucun point commun avec ce qu’il était lorsque l’arc de triomphe du Carrousel a été construit. Les jardins qui vous entourent et l’esplanade où vous vous tenez n’ont été aménagés qu’après 1993. A l’origine, la perspective vers le jardin des Tuileries n’existait pas car, jusqu’en 1883, le palais occupait tout l’espace qui sépare les deux pavillons de Flore et de Marsan.
Ici, en avant du monument, avait été aménagée une très vaste cour d’honneur fermée par une grille qui isolait la résidence princière du quartier situé autour. C’est Napoléon Ier qui, pour des raisons de sécurité, fait dégager ce vaste espace. En effet, le 24 décembre 1800, une bombe explose rue Saint-Nicaise, quelques instants après le passage du cortège du Premier Consul qui se rend à l’opéra; il y a 22 morts. La rue Saint-Nicaise n’existe plus, elle se trouvait à peu près à l’emplacement de la voie aménagée entre les guichets du Louvre situés côté Seine et ceux qui ouvrent sur la rue de Rivoli. Suite à cet attentat manqué et pour permettre une meilleure surveillance des abords du palais, Bonaparte fait raser les pâtés de maisons situés entre la rue et les Tuileries. A leur emplacement, on dégage une vaste esplanade qui va servir d’accès principal à la résidence officielle.
Devenu empereur, Napoléon fait fermer la cour par une longue grille qui sera démontée après 1871. En 1806, il ordonne la construction d’un arc de triomphe qui va servir d’entrée monumentale au palais. Les architectes Percier et Fontaine imaginent un arc à l’antique qui s’inspire des exemples romains encore conservés, l’arc de Septime-Sévère sur le Forum Romain et celui de Constantin aux pieds du Colisée. Les deux architectes impériaux reprennent le principe des trois ouvertures: une au centre, plus large et plus haute pour les attelages, et deux passages latéraux plus petits pour les piétons.
L’arc possède un riche décor. Construit pour commémorer les campagnes victorieuses de 1804 et 1805 en Allemagne et dans l’empire d’Autriche, il célèbre par ses reliefs, statues et inscriptions, la gloire de l’Empereur et de ses troupes. Charles Meynier est l’auteur des esquisses qui serviront à la réalisation des reliefs qui l’ornent et Dominique Vivant-Denon, directeur du Louvre, aurait choisi les sujets représentés.
L’arc est couronné d’un quadrige de bronze tirant un char et encadré de statues dorées de victoires. La figure de l’Empereur prévue sur le char déplut tellement au souverain que le véhicule resta vide pendant toute la période du Premier Empire. A l’origine, les quatre chevaux du quadrige étaient d’illustre origine: Napoléon avait fait saisir à Venise les statues décorant la façade de la basilique Saint-Marc que les Vénitiens avaient pillés au début du XIIIe siècle à Constantinople. Ils reprennent en 1815 la direction de l’Italie et, pour les remplacer, on charge François-Joseph Bosio de la réalisation des chevaux actuels; mis en place en 1828, ils copient ceux renvoyés vers la lagune. A la même époque, on place sur le char, là où l’image de l’Empereur était prévue, une figure de la paix, modifiant ainsi symboliquement la nature du monument.
Aujourd’hui isolé de son contexte de départ et des monuments qui l’entouraient, l’arc semble être un simple monument commémoratif, ce qu’il ne fut jamais véritablement.