La place Berteaux


La place Berteaux ainsi que la zone sur laquelle apparaît plus tard la gare de Chatou, est essentiellement des terrains agricoles ou des parcs de résidences d’aristocrates ou bourgeois qui ont bâti leurs résidences tout au long du XVIIIe et au début du XIXe siècle. L’arrivée du chemin de fer dans les années 1830 bouleverse le paysage : les propriétés sont morcelées et vendues.

De nouvelles voiries apparaissent, dont l’avenue Aligre qui prend le nom du marquis d’Aligre - l’une des plus grandes fortunes de France - qui cède l'avenue à titre gratuit à la Ville. Peu à peu le centre d’activité de la Ville se transfert vers la nouvelle place.

Des maisons sont bâties aux alentours de la gare. Élevées sur 2 étages elles allient souvent briques et pierres sous une toiture à la Mansart. Balcons, auvents, avancées et grilles en fer forgé confèrent un air champêtre à ces maisons. De nouvelles rues sont percées comme les avenues d’Aligre, du Général Sarrail et des Vaucelles (actuelle avenue Paul Doumer)…

Si les parisiens ont contribué aux prémisses du développement de ce quartier, c’est la municipalité qui poursuit cette dynamique. Elle commence par accéder à la demande des catoviens en installant un marché, en 1860. Le marché est ouvert au début sur la route de Saint-Germain, devant l’Église, mais celui-ci dérange la circulation sur cette voie importante. Il est ensuite déplacé sur l’avenue d’Aligre, mais face à des plaintes pour des mauvaises odeurs de la part d’habitants, le marché est déplacé sur la place Berteaux où il se trouve encore aujourd’hui.

Res 1200_Chatou Gare 065 - Place du Marché.jpg

Chatou, La Place du Marché avant 1910

L’avenue d’Aligre est alors interdite à la circulation. Un square et un kiosque permettent de se rafraîchir et de louer des chaises.

Sous l’impulsion de l’homme politique Maurice Berteaux qui finance avec d’autres actionnaires proéminents de la Ville, une salle des fêtes voit également le jour en 1894 (elle disparaîtra en 1973). Celle-ci donne d’un coté sur la place du marché à l’angle de la rue du Général Colin, correspondant à peu près avec la place occupée par le cinéma Jouvet aujourd’hui. Elle servait aux banquets, aux rencontres sportives, aux spectacles, aux remises de médailles…

Chatou Berteaux 020c Salle des Fêtes.jpg

L’ancienne salle des fêtes sur la place Berteaux, carte postale, sans date (avant 1910)

La place Berteaux doit son nom à Maurice Berteaux, né en 1852 à Saint-Maur-des-Fossés, agent de change et maire de Chatou de 1891 à 1911, député depuis 1893 et ministre de guerre entre 1904 et 1905 et à nouveau en 1911. Marié à la fille de l’ancien maire Charles-Joseph Lambert, il s’est installé à Chatou en 1891 et habite dans une villa, de l’actuelle rue Labelonye, aujourd’hui disparue. Berteaux, très populaire chez les catoviens, succombe dans un accident d’avions lors de la manifestation du départ le 21 mai 1911 de la course aéronautique Paris-Madrid. Un des concurrents en difficulté doit revenir vers le champ d’avion alors que le cortège des autorités, comprenant le Président du Conseil Monis et le Ministre de Guerre Berteaux, le traverse. Le pilote n’a pas pu éviter le groupe de personnalités et trois d’entre elles, dont Berteaux, périrent dans l’accident. Le gouvernement proclame des funérailles nationales en son honneur : un cortège accompagne la dépouille de Berteaux depuis le Ministère de Guerre jusqu’à la gare de la Porte Dauphine où elle est embarquée sur un train pour Chatou. À Chatou un autre cortège accompagne le cercueil jusqu’à la mairie drapée en noir pour l’occasion. Après la cérémonie, il est inhumé dans le cimetière de Chatou. En 1922, un monument est installé en face de la salle de fête : il y reste jusqu’en 1939 lorsque la statue en bronze de Berteaux est arrachée sous Vichy pour en réutiliser le métal. À sa place, un buste est érigé après la deuxième guerre mondiale qui y est toujours.

Chatou Gare 105c Funérailles Berteaux 1911.jpg

Les funérailles de Berteaux à l’Hôtel de Ville de Chatou, 1911

Chatou Gare 101 Monument Berteaux.jpg

Monument à Maurice Berteaux, 1922

 

Plan

Prochaines étapes

logo.png