Le château Bertin


Henri-Léonard-Jean-Baptiste Bertin, ministre sous le Roi Louis XV et à nouveau sous Louis XVI, a acquis le domaine de Chatou et Montesson, cinquante-cinq hectares de terres et de bois, comprenant le parc et le « vieux » château qui est rénové avant 1750 par son ancien propriétaire Marc-Antoine Allard. De l’ancien château, sont conservés - et visibles au numéro 12 de la rue du docteur Rochefort-, le bâtiment qui servait de communs de l’ancien château ainsi que les étables à colombage qui donnent sur la même cour.

Datant du XVIe siècle, il est situé dans la continuité du bailliage, à l’emplacement du château construit par l’architecte Chatelet en 1857 et auquel on accède après avoir dépassé la grille du parc.

Le château Vieux, telle est son appellation à l’époque, et les communs sont réutilisés par Bertin pour son personnel nombreux. Les lions devant la façade du bailliage proviennent du portail à grillage de l’entrée du domaine du château de Bertin.

Ancienne entrée Chateau de la pièce d'eau.jpg

L'ancienne entrée du château de Bertin, vers 1905 (N.B. La légende inscrite sur la carte n'est pas correcte, il ne s'agit pas de la grille du château de la Pièce d'Eau, mais bien de celle du château Bertin).

Bertin se fait bâtir une résidence digne d’un ministre d’Etat et demande à la grande star de l’époque, Jacques-Germain Soufflot, qui a réalisé le Nymphée, d’édifier son nouveau logis. Soufflot meurt en 1780 et le nouveau château est achevé par son assistant, Jean-Jacques Lequeu.

Bertin ferme la grande rue au-delà du bailliage, repousse beaucoup plus à l’ouest les chemins de Carrières et de Montesson -remplacés par la nouvelle rue de Carrières, l’actuel boulevard de la République- supprime la grande avenue faisant face au château, ainsi que les places publiques et fait bâtir le « château neuf » sur le sommet de la falaise. La façade principale donne sur Chatou, et au levant, la vue domine la Seine, les Îles, la plaine de Nanterre et les crêtes boisées du Mont Valérien.

Le château de Bertin est vaste : on compte environ cinquante pièces, dont trente-deux chambres, pour une résidence qui a la vocation d’accueillir d’illustres hôtes.

Le parc compte un grand nombre de statues et décorations, dont six en provenance du château de Versailles -donations du Roi Louis XV-, des chinoiseries et un nymphée, construit par Soufflot, qui reçoit l’eau des étangs du domaine seigneurial.

Bertin, grand estimateur de Chine, dont il conserve dans son hôtel particulier de Paris une vaste collection d’objets, opte pour un jardin à la chinoise agrémenté d’un pavillon chinois et d’un jeu de bague. Le pavillon et les ornements du jardin sont confiés par Soufflot à Lequeu, grand spécialiste en la matière.

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Le plan des jardins de Bertin, 1780

Bertin demeure dans son château jusqu’au début de la Révolution française, puis en 1791 vend la seigneurie à Anne-Thérèse de Pelser-Berensberg -épouse du marquis de Feuquières- et se retira à Spa en Belgique, où il meurt le 16 septembre 1792.

Les nouveaux seigneurs de Chatou, ainsi que d’autres familles aristocrates qui sont installées à Chatou et les villages avoisinants, sont victimes de la Terreur. Après la Révolution le château est acquis par le maire de Chatou, Charles-Alexis Travault et puis en 1824 par Antoine Lacroix, lui-même maire de Chatou de 1829 à 1832. Ce sont les héritiers de celui-ci et leur descendants, la famille Moisant, qui à partir de 1867 commencent à démanteler le domaine de M. Bertin. La villa est détruite en 1910 et l’œuvre de lotissement fut complétée entre les deux guerres.

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