Le Nymphée de Soufflot


Le Nymphée a depuis toujours inspiré les poètes et les artistes, car il incarne une fontaine sacrée, lieu d’habitation et d’union des nymphes, divinités des eaux, de la forêt et des montagnes qui jouent ou dansent en toute innocence dans ces palais aquatiques, abrités et invisibles aux yeux du monde. La fraîcheur de ces eaux leur offre la jeunesse éternelle.

Le Nymphée de Chatou fut une commande du dernier Seigneur de Chatou, Henri-Léonard-Jean-Baptiste Bertin (1720-1792), ministre de 1759 à 1780, qui souhaita doter son jardin d’une œuvre originale et pérenne.

Il voulut un ouvrage ingénieux et de bel agrément dans le style des parcs de la Renaissance. En particulier, il organisa l'arrivée dans le Nymphée des eaux de ruissellement issues de sa pièce d’eau située aujourd'hui la Villa Lambert.

Il s’adressa alors à l’architecte français Jacques-Germain Soufflot (1713-1780) qu’il connut à Lyon lorsqu’il exerçait la charge d’Intendant de cette ville.

Pour la construction de l’ouvrage, l’architecte Soufflot trouva son inspiration dans ses souvenirs et dans l’évocation des Nymphes. Il  imagina une grotte dédiée à une Nymphe autour de deux éléments audacieux : une longue voûte en forme de coquille adossée à un talus et un décor avec des incrustations de minéraux, de pierres meulières, de coquillages, de scories et de résidus de fonderie que le ministre Bertin, soucieux d'économie, avait à sa disposition. Cette conception originale, supportée par 18 colonnes disposées en demi-cercle, donne un éclat particulier au Nymphée de Chatou.

Lorsqu'il recevait ses invités de marque, Bertin fut fier de leur proposer une visite guidée à travers ses jardins en perspective et ses célèbres plantations de pommes de terre ; mais l’apogée de ce parcours somptueux reste le Nymphée.

Cette folie servit non seulement de décor pour les invités du ministre, mais elle permit aussi d’y trouver un refuge de fraîcheur en été, lorsque le soleil frappait trop fort ; et n’oublions pas la première idée tout à fait fonctionnelle de Henri-Léonard-Jean-Baptiste Bertin de dévier les eaux usagées de son jardin potager vers une fontaine décorative. C’est ainsi qu’elle est conçue par paliers, lesquels permettent de nourrir le bassin de ses eaux.

Le Nymphée a été classé monument historique le 4 juin 1952. C’est l'un des rares Nymphées encore existants en France sans doute le plus important.

Grâce à son emplacement retiré et protégé et grâce aux procédés novateurs utilisés par l’architecte, le Nymphée avait résisté au temps. Mais en 2002 puis en 2015, il fut déclaré en péril par les services de l'État.

L'architecte consulté en 2019 par la ville spécialisé dans la rénovation de bâtiments historiques pense que le Nymphée peut subir de graves dommages à tout moment et que les travaux de restauration – qu’il estime à 2 ans minimum – sont urgents. Car outre la dégradation visible des colonnes, il faut aussi restaurer tout le système interne de récupération des eaux pour remettre le bassin en eau.

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Vues du Nymphée de Soufflot (2011)

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Vue du Nymphée de Soufflot

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La fontaine dans le Nymphée de Soufflot (2011)

Les Nymphes – dont le mot en grec se traduit par jeunes filles ou fiancées –, sont de gracieuses déesses que les Grecs croyaient rencontrer dans les montagnes, près des rivières et des sources. Elles répandaient l’eau salutaire au moment du renouveau et habitaient dans des grottes. L'une d'elles, poursuivie par le Dieu Pan, lui échappa en se réfugiant dans une grotte et en se transformant en source. C’est ainsi que les grottes naturelles ou artificielles avec de l’eau sont devenues des sanctuaires consacrés aux Nymphes et ont pris le nom de « Nymphée ». On prêtait d’ailleurs aux eaux qui en jaillissaient un effet curatif.

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