Le Carrefour d'Alésia


Le café au Puits Rouge

Un café fréquenté par Lénine se trouvait sur la place Victor et Hélène Basch, anciennement connu comme carrefour des quatre chemins ou carrefour d'Alésia. Le café au Puits Rouge était situé à l'angle des avenues d'Orléans (aujourd'hui du Général Leclerc) et de Châtillon (aujourd'hui Jean Moulin), à l'emplacement de l'actuelle agence de la BNP. C'était un ancien relais de poste où s'arrêtaient jadis les rouliers pour boire un verre avant de quitter Paris. « C'était un café très tranquille et Lénine y entrait quand il avait une soirée libre, pour boire et faire une partie d'échecs avec un de ses amis », évoque Aline.

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Le café au Puits Rouge

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L'emplacement du Puits Rouge sur la place Basch

Sur la même place se trouve l'entrée à la station Alésia du métro

Les bouches du métro

Une des tâches les plus essentielles des émigrés politiques, toutes tendances confondues, était d'assurer une communication régulière avec leurs partis et sympathisants en Russie. Des articles pour les journaux et revues légales ou clandestines devaient être envoyés afin de suivre et d'orienter le débat et l‘action des révolutionnaires restés au pays. La presse jouait un rôle important, et le gouvernement russe en était bien conscient. Il interdisait de plus en plus les publications légales des socialistes, qui renaissaient chaque fois sous une dénomination légèrement différente. Ainsi le quotidien la "Pravda", dont les bolcheviks avaient repris le titre du mouvement de Trotsky en avril 1912, changera de nom à plusieurs reprises au cours des deux années suivantes : Rabotchaïa Pravda, (La Vérité des Travailleurs) ; Severnaïa Pravda (la Vérité du Nord) ; Pravda Truda (la Vérité du Travail) ; Za Pravda, (Pour la Vérité) ; Proletarskaïa Pravda, (La Vérité prolétarienne) ; Put' Pravdy, (Le Chemin de la Vérité) ; Rabotchy, (L'ouvrier) ; Trudovaya Pravda, (La Vérité du Travail).

Avant le début de la publication de la Pravda, Lénine collaborait à la "Zvedza" (L'Étoile), un journal bolchevik légal publié à Pétersbourg entre décembre 1910 et mai 1912, au début une fois par semaine. Aline témoigne : « Vladimir Illich lui envoyait chaque jour des articles. Vers sept heures du soir, il commençait à écrire son article et le mettait sous enveloppe vers 8h½ - 9 heures. Il prenait son chapeau et son pardessus et allait le porter à la gare du nord au wagon postal du train qui allait en Russie. Il savait que le métro fait le trajet de la station Alésia à la gare du Nord en 22 minutes, et s'arrangeait pour arriver 10 minutes avant le départ du train. » (Aline, Lénine à Paris)

C'était le même chemin que prenaient les publications clandestines envoyées par les bolcheviks depuis Paris, notamment celles qui étaient publiée par l'imprimerie du POSDR, dont les matériaux avaient été apportés par Lénine lors de son transfert à Paris en décembre 1908.

« L'entrée clandestine des publications bolchéviques en Russie, et notamment du Proletari, se heurtait à des grandes difficultés, vu les contrôles sévères. Durant son séjour à Genève en 1908, Lénine avait fait appel à Piatnitzki, grand spécialiste en la matière. » (Fréville, Lénine à Paris) Après des tentatives échouées, Piatnitzki s'installa à Leipzig d'où il organisa les expéditions clandestines vers la Russie. C'est à lui que la rédaction envoyait les exemplaires du Proletari imprimé à Paris.

La route de Leipzig menait vers Minsk, et de là la presse était envoyée à Moscou. D'autres publications étaient envoyées via Anvers et Gand vers la Finlande et de là vers Saint-Pétersbourg, ou via les ports italiens vers Odessa. Lénine supervisait personnellement l'expédition du journal Proletari. Dans l'une de ses correspondances avec Gorky en 1908, il explore la possibilité d'envoyer le journal via les ports d'Italie.

Prenez la avenue Jean Moulin, puis au troisième croisement tournez à droite sur l'avenue Antoine-Chantin. Avancez jusqu'au n. 8.

La première imprimerie du POSDR

Vers la fin de 1908, Lénine décida de quitter Genève et d'émigrer avec armes et bagages à Paris. Suite aussi aux pressions de Bogdanov et d'autres membres du POSDR (dont l'un était un agent inflitré de l'Okhrana), le journal "Proletari" allait être imprimé dans la capitale française. Il fallait donc transférer aussi le matériel de l'imprimerie : « On chargea sur un wagon l'imprimerie et les affaires de Lénine, Zinoviev et des typos, et on partit. » 

Kamenev était déjà sur place. Lénine et Kroupskaïa arrivèrent Paris en compagnie de Zinoviev dans la soirée du 14 décembre. Ils descendirent à l'hôtel des Gobelins, 24 boulevard Saint-Marcel, où habitait la sœur cadette de Lénine, Marie, venue faire ses études à Paris. Sa première question fut : « Est-ce que Kamenev a trouvé quelque chose pour l'imprimerie ? ». En apprenant que rien n'avait été fait, il se borna à remarquer : « C'était à prévoir… ». Le lendemain matin, les deux typos russes de Genève, qui avaient suivi Lénine à Paris, se mirent à la recherche d'un local quelconque. On trouva rue Antoine-Chantin, à quelque cent mètres de l'église Saint-Pierre de Montrouge, une sombre boutique sans gaz ni électricité qui fut louée sur-le-champ.

Aline, qui se voit confier par Lénine à partir de 1911 la direction de l'Imprimerie-Expédition du Social-Démocrate, raconte : 

« L'imprimerie installée rue Antoine-Chantin ne présentait que des inconvénients. Comme il n'y avait pas d'électricité, on y travaillait, la nuit tombée, à la lueur des lampes à pétroles ou même des bougies … Les typos finirent par dénicher un nouveau local dans un petit bâtiment en briques que bordait une allée plantée d'arbres. On y accédait par le porche du 110 avenue d'Orléans. Lénine s'en montra ravi. Les ateliers furent installés au rez-de-chaussée, le Comité Central se réserva des pièces au premier étage. C'est là désormais, que furent tirés Le Social-démocrate et Le Prolétaire » (Aline, Lénine à Paris)

Avec les machines et les caractères d'imprimerie en cyrillique apportés de Suisse, les bolcheviks purent continuer la publication de leur organe, le "Proletari", et de l'organe du parti, le "Sotsial-demokrat". 

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Le 8 de la rue Antoine Chantin

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Le 8 de la rue Antoine Chantin aujourd'hui

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