La salle des Caryatides


Ce vaste et bel espace est le résultat de transformations demandées par Henri II après son accession au trône. En 1549, le jeune roi décide d’achever le projet de construction de la nouvelle aile initié par son père François Ier. L’idée de départ reposait sur l’aménagement d’un monumental escalier central entouré de quatre pièces au nord et au sud. 

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Henri II fit réaliser un monumental escalier,
dont la voûte présente un décor admirable.

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Souhaitant gagner de la place, Henri II fait décaler l'escalier vers le nord;
cet escalier droit dit "rampe sur rampe", tout droit venu de la Renaissance italienne, est d'une grande modernité!
Il compte parmi les premiers exemples de ce type en France, pays où régnait jusque-là les vis, escalier de plan circulaire.

Henri II préfère décaler l’escalier plus au nord ce qui lui permet de gagner de la place pour la construction d’une très vaste salle qui occupe la presque totalité du rez-de-chaussée du nouvel édifice. Son principal ornement est une tribune de musiciens soutenue par quatre élégantes cariatides, des figures féminines s’inspirant des modèles antiques. Sculptées par Jean Goujon, elles sont le plus ancien exemple de réutilisation d’un motif imaginé par les anciens Grecs. La salle elle-même est séparée en deux par un arc de triomphe qui isole, à l’opposé de la tribune des musiciens, un espace autrefois surélevé et dénommé «tribunal»: c’est là que le trône royal prenait normalement place. Au XVIe siècle, c’est un plafond à caissons en bois qui couvrait l’espace; il était orné d’une inscription en lettre dorées qui courait sur tout son pourtour.

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La salle des Caryatides,
et ses voûtes en anses de panier (XVIIe siècle).

La voûte actuelle est le résultat de transformations opérées sous Louis XIII: le plafond ancien menaçant de s’effondrer, on le remplaça alors par une voûte de pierre. Les sculptures qui l’ornent sont encore plus récentes puisque Napoléon les fait mettre en place au début du XIXe siècle. La salle actuelle est donc le résultat de trois interventions différentes réalisées sur deux siècles et demi!

La cheminée monumentale qui ferme la perspective au sud, dans le tribunal, est un parfait exemple de la complexité extrême des architectures du Louvre: elle porte le H de Henri II qui la place logiquement au XVIe siècle mais l’aigle qui en orne le centre supportait à l’origine le chiffre de Napoléon Ier. La cheminée est donc plus récente mais il ne faut pas trop vite conclure car les grandes figures féminines qui l’ornent sont d’époque Renaissance et proviennent d’une autre cheminée du Louvre qui datait, elle, du XVIe siècle! On comprend que même les meilleurs historiens aient du mal à s’y retrouver...

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Salle des Caryatides, cheminée côté sud.

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Jacques Ier Androuet du Cerceau,
Le tribunal dans la salle des Caryatides,
estampe, 1576.
(Paris, Bibliothèque centrale des musées nationaux)
La salle de bal se terminait à l'origine par le "Tribunal", situé dans sa partie sud, au devant de la cheminée. Cette partie surélevée de cinq marches accueillait le trône du roi qui présidait ainsi aux fêtes et aux cérémonies.

En 1610, la salle des Caryatides a été le cadre d’une impressionnante cérémonie. Poignardé dans le quartier des Halles par Ravaillac, c’est au Louvre qu’Henri IV vient mourir le 14 mai. Il est d’ailleurs le seul souverain décédé là. Du 10 au 21 juin, une effigie de cire du roi est exposée dans la salle et des dizaines de milliers de Parisiens viennent se recueillir devant elle, lui rendant ainsi un dernier hommage. La dépouille d’Henri IV quittera définitivement le Louvre le 30 juin pour prendre la direction de la nécropole royale de Saint-Denis.

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Henri IV sur son lit de mort au Louvre,
estampe, 1610.
(Recueil collection Michel Hennin, « Estampes relatives à l'Histoire de France », tome 17)

De plus, en tant que salle des fêtes, la salle des Caryatides a du être le témoin, entre 1555 et le départ de Louis XIV pour Versailles, de nombreuses cérémonies, bals et banquets. Le souvenir des festivités données lors du mariage du duc de Joyeuse, mignon d’Henri III, avec Marguerite de Vaudémont est resté longtemps fameux: elles durèrent en effet plusieurs jours et coûtèrent une fortune colossale! 

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École française,
« Bal donné le 24 septembre 1581 à la cour de Henri III »
(pour le mariage d'Anne, duc de Joyeuse, avec Marguerite de Lorraine)
huile sur cuivre, XVIe siècle, détail, Paris, Musée du Louvre

Sortez de la salle des Caryatides par la porte située à droite de la cheminée. Prenez à droite et traversez une première salle. Vous arrivez dans une vaste salle de forme circulaire, les appartements d'été d'Anne d'Autriche sont à gauche.

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