Passage du Commerce Saint-André
Sur les murs et aux portes de Paris
Quand vous passez la porte du 130 Boulevard Saint-Germain, vous pénétrez dans le Cours du Commerce Saint-André. Vous entrez dans l'œil du cyclone, dans l'épicentre de la Terreur, là où sont passés tous les grands ténors de la révolution populaire, la Révolution de 1792. Le cours Saint-André venait d'être aménagé au siècle précédent sur les anciens fossés remblayés de l'enceinte médiévale de la ville. A travers les vitrines du n°4 vous remarquerez l'une des tours de l'enclos.
Le Procope : Face au n°4, côté impair, vous voyez la façade arrière du Procope, c'est cette entrée qu'empruntaient les révolutionnaires pour se réunir. Nous y entrerons par l'entrée principale donnant sur la rue de l'Ancienne Comédie.
L'imprimerie de Marat : Au n°8 se trouvait l'imprimerie où Marat faisait tirer son journal « L'Ami du Peuple ». Ce journal ultra-révolutionnaire est un brulot qui va enflammer la « rue » et sera à l'origine de ces « journées » célèbres qui vont amener la Révolution à ses plus extrêmes limites. Il va entraîner à sa suite des ultra-révolutionnaires tels que Couthon. Le sang va couler : «Apportez un verre de sang à Couthon, pourra-t-on dire, il a soif ! ». Couthon, disciple et ami de Robespierre, sera un des acteurs avec Saint-Just de la grande Terreur de 1794 : « la Terreur n'est pas autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible ! » Couthon sera guillotiné le 28 juillet 1794.
Jusqu'en 1792, l'imprimerie avait eu comme chef d'atelier Brune, l'un des premiers fondateurs du Club des Cordeliers avec Danton, Desmoulins, Marat et Hébert. Il devint, par la suite, Maréchal de France sous l'Empire et sera assassiné en 1815 à la chute de l'Empire.
Dans cette même maison on trouvera après la Terreur, un cabinet de lecture tenu par la veuve de Brissot dont les livres venaient de son importante bibliothèque. Chef des Girondins, appelés aussi Brissotins, il fut décapité en octobre 1793. Les Girondins, plus modérés,vont s'opposer aux excès des Ultra-révolutionnaires qui finiront par les éliminer.
Dirigez-vous vers le n°9 de la cour du Commerce
La guillotine : C'est au n° 9, dans l'atelier du charpentier allemand Schmidt que fut expérimentée la guillotine, sur des moutons en attendant mieux. Le Docteur Guillotin, député de Paris aux Etats Généraux avait proposé l'unification des peines de mort par la décapitation, jetant aux oubliettes potences, haches, bûchers, roues, écartèlement. Il dit à la tribune de l'Assemblée : « Le couperet siffle, la tête tombe, le sang jaillit, l'homme n'est plus ; avec ma machine je ferai sauter vos têtes en un clin d'œil et vous ne sentirez qu'une très légère fraîcheur sur le cou ». On l'oublia jusqu'en 1792 : les temps avaient changé et on chargea le Docteur Louis, secrétaire perpétuel de l'Académie Royale de Chirurgie (voisine) d'étudier une machine que le charpentier Schmidt fut chargé de construire. On l'essaya sur des moutons, ensuite sur des cadavres et finalement, en Place de Grève sur un condamné pour vol et agression. Cette machine fut appelée Louison ou Louisette, du nom du secrétaire qui, heureusement pour lui, était « perpétuel ». Finalement, c'est le nom de Guillotin et sa « légère fraîcheur sur le cou » qui l'emportèrent. Nombre de révolutionnaires allaient la ressentir, chacun à leur tour ; c'est par ce moyen que la Révolution allait engendrer les martyres sacrifiés sur son autel.
Danton, à son tour, ressentira « cette légère fraîcheur sur le cou », le 5 avril 1794. C'est chez lui qu'il fut arrêté, à l'ancien n°1 du Cours Saint-André qui, à l'époque, se prolongeait au-delà du Boulevard Saint-Germain (là où se trouve sa statue qui marque l'ancienne entrée du Cours avant le percement du Boulevard). Nous y reviendrons.
De l'autre côté du Cours, vous débouchez sur la Rue Saint-André-des- Arts, un des cinq axes principaux du Quartier Latin. A cet endroit se trouvait une des Portes de Paris, la porte de Buci.
Prenez à gauche dans la rue de l'Ancienne Comédie, ancienne rue des Fossés-Saint-Germain car ancien chemin de contrescarpe donnant sur les fossés.