Danton


Ce grand ténor de la Révolution dont la voix de stentor résonnait dans  les assemblées, surnommé le « Mirabeau de la canaille », s'imposa comme tribun populaire.

Véritable chef de gouvernement: Danton entra au Conseil Exécutif provisoire, formé de six membres et mis en place par l'Assemblée Législative au lendemain de la prise des Tuileries et de la déposition  de Louis XVI, le 10 août 1792, qui signa le début de la deuxième phase de la Révolution, la Révolution sanglante. Essentiellement composé d'anciens ministres Girondins, ceux-ci auront besoin de Danton, engagé avec les insurgés, pour contenir la Commune insurrectionnelle qui s'appuie sur  les Sections qui tiennent Paris. Danton, Ministre de la Justice, en fut le véritable chef de gouvernement. Il prit avec lui Desmoulins et Fabre d’Eglantine. Au moment de la panique provoquée par l'invasion des prussiens en Champagne, il va incarner  « La patrie en danger » : « Il nous faut de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace et la France sera sauvée ! »

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Constance Marie Charpentier, "Georges Jacques Danton", Paris, Musée Carnavalet, 1792.

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Lodewijk Gotlieb Portman, "Camille Desmoulins", estampe, Paris, Bibliothèque Nationale de France, 1804.

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"Philippe François Nazaire Fabre dit Fabre d'Eglantine ", estampe, Paris, Bibliothèque Nationale de France,1850.

Député à la Convention Nationale : Danton laissa commettre les massacres du 2 au 6 septembre provoqués par la panique due à l'invasion et par les appels au meurtre, de Marat et d'Hébert. Il est élu député, avec ses amis Desmoulins et Fabre, dans la nouvelle assemblée de Septembre 1792. La nouvelle assemblée, élue avec moins de 12% de participation électorale de la population, prit le nom de Convention Nationale, à l'instar de l'Assemblée américaine de Philadelphie : assemblée constitutionnelle, elle rédigea la Constitution de juin 1793 qui, suspendue par la Dictature de Salut Public, ne fut jamais appliquée.

Tribun populaire : Face à la guerre étrangère et à la guerre civile et religieuse, sera instaurée une  « Dictature de Salut Public » (Dictature jusqu'à la Paix) : le gouvernement constitutionnel  sera remplacé « provisoirement » par un gouvernement révolutionnaire : la République est mise entre parenthèse. Les vieilles monarchies européennes s'engagent dans la guerre contre la Révolution française, ce qui ne fera qu'exciter l'ardeur des révolutionnaires. Par sa propre popularité, Danton sut exploiter à son profit la « Victoire » de Septembre - la bataille de Valmy où les Prussiens avaient fait machine arrière - le 20 septembre, jour où se réunissait pour la première fois la Convention. Il s'y fit acclamé : la « Victoire » de Valmy le rendit populaire. Cherchant à concilier Girondins, Montagnards et Commune insurrectionnelle, il suscita la méfiance des Girondins, ce qui le rapprocha de la Montagne. Il finit par voter la mort du Roi sans conditions. C'est lui qui, le 6 avril 1793, fit décider la création du Comité de Salut Public dont il fut le Président de fait jusqu'en juillet. Il en fut éliminé, au moment où Robespierre y entrait. Comme pour les Massacres de septembre, il laissa faire le coup d'Etat que constituait l'élimination des Girondins par la Convention qui agît sous la menace de la Commune insurrectionnelle avec Hanriot à sa tête.

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Jacques-Louis David, "Croquis de Danton à la Convention", Paris, Musée Carnavalet, 1793.

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Georges François Marie Gabriel, "Croquis du général François Hanriot", Paris, Musée Carnavalet.

Modéré parmi les extrémistes : Après un éloignement de la politique, il revint en novembre où il s'opposa aux extrémistes et aspirait à la fin de la Terreur : il voulait revenir à un gouvernement constitutionnel et faire appliquer la Constitution de 1793. En fin d'année, les défaites furent suivies par des victoires contre les vieilles monarchies, « la dictature jusqu'à la paix » ne se justifiait plus et la « guillotine » avait réduit les contre-révolutionnaires au silence, la théorie du « gouvernement révolutionnaire », voulue par Robespierre, devenait de plus en plus infondée. Mais, selon Robespierre, la Terreur avait un autre effet, celui de faire pénétrer la « Vertu » révolutionnaire dans l'âme du peuple : on était rentré dans un cycle de la mystique révolutionnaire où le culte de la Raison devait engendrer des saints républicains. La Terreur serait donc toujours à l'ordre du jour.
Danton et son ami Camille Desmoulins, qui venait de lancer son journal « Le vieux Cordeliers », persistèrent à vouloir mettre un frein aux excès de la Terreur. Ses opposants, qui voulaient au contraire radicaliser la terreur et renforcer l'économie dirigée, avaient été dénoncés et éliminés comme faction des Enragés : Hébert, rédacteur du journal des sans-culottes, « le Père Duchesne », fut guillotiné ainsi que les Hébertistes en mars 1794. Ce fut un coup dur pour les sans-culottes car les Hébertistes contrôlaient le Club des Cordeliers, le ministère de la Guerre et l'armée révolutionnaire parisienne. La Commune avec Pache, Chaumette et Hanriot, commandant de la garde nationale, leur était favorable. Devenus modérés parmi les extrémistes les Dantonistes furent, un mois plus tard, dénoncés à leur tour comme faction des Indulgents. Mise en accusation, jugé à huis clos, Danton ne put se faire entendre, pour éviter que cet orateur de talent ne retourne  l'opinion en sa faveur : il fut condamné et exécuté le 5 avril 1794. 

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"Jacques_Hébert", estampe.

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"Père Duchesne foutre : sa colère se dissipe, quand on obéit à la loy ; et de joyë fumant sa pipe, Duchesne, est content comme un roy.", estampe, Paris, Bibliothèque Nationale de France, 1790.

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"Le Père Duchesne. Le 21 juin 1791 : Louis le faux",  estampe, Paris, Bibliothèque Nationale de France, 1791.

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