Marat, figure révolutionnaire
Les cordeliers, la chirurgie et la médecine
Marat ou la passion de l'Egalité : A l'angle du Boulevard Saint-Germain et de la rue de l'Ecole de médecine, vous êtes à l'emplacement de l'ancienne Porte Saint-Germain (Porte des Cordeliers à l'origine). C'est au 85 Boulevard Saint-Germain que se trouvait, intra muros, l'hôtel de Cahors où résidait un autre grand ténor de la Révolution populaire, le médecin Marat. Cet hôtel sera démoli et remplacé par ce bâtiment du XIXème siècle, ajout médiocre au magnifique bâtiment néo-classique de l'Ecole de Médecine. Marat (1743-1793) résida au premier étage de la maison où il installa également les bureaux de son journal « L'Ami du Peuple » (élaboré dans son imprimerie du Cours Saint-André). C'est ici qu'il fut assassiné par Charlotte Corday.
Journaliste, partisan d’une Révolution extrême et radicale : Médecin de son état, il résida longtemps à Londres où il publia des ouvrages d'inspiration matérialiste et révolutionnaire. Sa réputation de praticien le fit nommer médecin des gardes du Comte d'Artois. Tourmenté par une passion de l'égalité, il fonda, dès septembre 1789, l'Ami du Peuple dans lequel il pourfendra tous ceux qui voulait limiter la Révolution. Il sera l'aiguillon de la Révolution populaire de 1792. Partisan d'une égalité sociale, la Révolution juridique et bourgeoise de 1789 défendue par les Girondins ne lui suffisait pas. Prison et exil de 1789 à 1791 ne l'arrêtèrent pas et le rendirent plus intransigeant et plus populaire en même temps. Les mesures plus radicales qu'il prônait, inquiétaient les extrémistes Montagnard eux-mêmes. Il contribua à l'insurrection du 10 août qui mit un terme à la Monarchie et poussa la Révolution populaire à ses extrémités, dans sa détermination de faire table rase du passé. Il eut une grande part de responsabilité dans les massacres de Septembre, sur lesquels nous reviendrons. Après la proclamation de la République, il intitula son journal « Journal de la République française ».
"Unité, indivisibilité de la République. Liberté, égalité, fraternité, ou la mort : Dieu, peuple, loi", Paris, Bibliothèque nationale de France, 1792. |
Député à la Convention, ennemi et pourfendeur des Girondins : Elu à la Convention, il fit décréter la formation des organes de la Terreur : le Tribunal révolutionnaire et le Comité de Sûreté Générale. Absout par le tribunal révolutionnaire devant lequel les Girondins l'avait fait décrété d'accusation, il fut ramener en triomphe dans la salle de la Convention par les sans-culottes, agitateurs des Sections parisiennes, en avril 1793. Il organisa l'insurrection qui provoqua la chute des Girondins, le 2 juin 1793, en faisant menacer la Convention par la garde nationale menée par Hanriot. La chute des Girondins en juin 1793 provoquera, un mois plus tard, le 14 juillet 1793, l'assassinat de Marat par une sympathisante girondine venue de Caen, Charlotte Corday.
Martyr de la Révolution : Fervente lectrice de Rousseau et sympathisante des idées révolutionnaires, Charlotte Corday fut indignée par les crimes de la Terreur. Poussée par les Girondins réfugiés en Normandie d'où elle était, elle poignarda Marat dans sa baignoire où une maladie de peau le retenait souvent. Elle fut aussitôt arrêtée et revendiqua son acte affirmant qu'elle avait « tué un homme pour en sauver cent mille ». Elle monta courageusement sur l'échafaud. La Convention montagnarde fit de Marat un martyr sacrifié sur l'autel de la Révolution. Hébert se posera en héritier de Marat, il était rédacteur du journal des Sans-Culottes « Le père Duchesne » qui continuera, à la suite de Marat, à enflammer la « rue ».