Du Luxembourg à Saint-Sulpice


La Maison Nationale de Sûreté, ci-devant Palais du Luxembourg Prenez à droite du Théâtre par la rue Rotrou et reprenez la rue de Vaugirard, la plus longue de Paris (4.3 km), vous passez devant le Palais du Luxembourg, siège du Sénat. 

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Jean-Arnould Leveil, "Façade du Luxembourg sur la rue de Vaugirard", Paris, Bibliothèque Nationale de France, XIXème siècle.

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"Le Peuple ayant l'avis que Monsieur, vouloit s'éloigner de la capitale, se transporta chez lui et l'accompagna depuis le Luxembourg, jusqu'aux Thuilleries, mercredi soir 23 février 1791", Paris, Bibliothèque Nationale de France, 1791.

Le Comte de Provence, frère de Louis XVI, devenu Louis XVIII après la Révolution et l'Empire, l'occupa jusqu'au jour de son émigration le 20 juin 1791, le même jour que la fuite de Louis XVI mais celle du roi fut un échec et porta un coup rude à son prestige. Arrêté à Varennes le roi fut ramené sous escorte à Paris. La fuite du roi et de ses frères oblitéra à l'avance l'instauration d'une monarchie constitutionnelle ; un an plus tard ce fut la prise des Tuileries et la destitution du roi. Transformé en prison en 1793, il devint la Maison Nationale de Sûreté : y furent enfermés Hébert, Danton, Camille Desmoulins, Fabre d'Eglantine, Hérault de Séchelles, avant d'être guillotinés. Le peintre David y séjourna également. Siège des Directeurs pendant le Directoire de 1795 à 1799, il sera affecté par Napoléon au Sénat Impérial, puis pendant les restaurations, à la Chambre des Pairs, de 1815 à 1848 et au Sénat de la République aujourd'hui.  

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Alexander Kucharsky, "Portrait d'Olympe de Gouges", collection particulière, XVIIIeme siècle.

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Desrais, Frussote, "Projet de l’impôt patriotique donné par Madame de Gouges, dans le mois de septembre 1788 : tout citoyen se verrait dans le même miroir ce portrait touchant caractériserait à la fois l’âme, le cœur et l'esprit français", Paris, Bibliothèque Nationale de France, 1788.

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Chérieux, "Club de femmes patriotes dans une église", Bibliothèque nationale de France, 1793.

Olympe de Gouges et la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ». Suivez la rue de Vaugirard jusqu'à la rue Servandoni du nom de l'architecte de la façade de l'Eglise Saint-Sulpice, descendez cette rue et arrêtez-vous devant le n° 18/22.
C'est ici, dans ce qui était la rue des Fossoyeurs,  que demeura Olympe de Gouges (Marie Gouze), femme de lettres et de théâtre. La pièce L'esclavage des Noirs, publié en 1792, la rendit célèbre, elle voulait attirer l'attention du public sur le sort des Noirs dans les colonies. Elle rejoignit les Girondins en 1792. Dans ses écrits politiques elle développait de vastes réformes sociales  et notamment  elle demandait que les femmes fussent associées aux débats politiques. En septembre 1791, elle avait rédigé la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », texte qui évoque pour la première fois l'égalité juridique et légale entre femmes et hommes. Elle dénonçait  le fait que la Révolution oubliait les femmes dans son projet de liberté et d'égalité. Présenté à l'Assemblée nationale en octobre 1791, il fut rejeté : la Révolution, dirigée par des hommes, négligeait l'autre moitié de la population. Très en avance sur son temps, elle s'opposa également à la peine de mort mais la chute des Girondins, qu'elle soutenait, lui valut d'être arrêtée et guillotinée le 3 novembre 1793.

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Sceau de la Société des Amis des Noirs, Gravure, 1788.

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Nicolas André Monsiau, "L'abolition de l'esclavage par la Convention, le 16 pluviôse an II / 4 février 1794".

Le Temple de l'Etre Suprême, ci-devant Eglise Saint-Sulpice Au bout de la rue Servandoni, prenez à gauche jusqu'à la Place Saint- Sulpice. C'est en l'Eglise Saint-Sulpice le 29 décembre 1790 que se marièrent Camille Desmoulins et Lucile Laridon Duplessis. Robespierre, leur ami,  fut un des témoins  du mariage, il les fera décapiter avec Danton et les Indulgents le 5 avril 1794.
Au passage, admirez la façade de l'Eglise, ce sont paradoxalement les lois anticléricales de la Révolution  qui vont permettre de la dégager. Façade néo-classique à l'antique dans le goût du XVIIIème, elle s'inscrit là encore dans un projet urbanistique. Œuvre  de Servandoni, commencée en 1756, cette façade aux proportions imposantes, est sans rapport avec la nef, elle est plaquée contre l'église jésuite commencée au XVIIème siècle. Limité par la rue étroite de dimension médiévale, le perron ne put s'étendre au delà de la colonnade et fut intégré entre les colonnes faisant face au séminaire qui, à l'époque, couvrait la place actuelle. Il fut fermé à la Révolution et démoli en 1808, permettant  l'aménagement ultérieur de la Place. Toujours dans l'esprit du XVIIIème siècle, le projet d'urbanisme autour de la place prévoyait également des immeubles amorcés au numéro 6 : ce projet fut inachevé ainsi que la tour sud de l'Eglise.  
Pendant la Révolution, l'Eglise fut affectée "aux besoins de la Nation" : Robespierre y installa le Culte de la Déesse Raison puis le culte de l'Être suprême . De cette période , il reste une inscription dans la demi lune au dessus de la porte principale sous le péristyle : "Le peuple françois reconnoit l'Etre suprême et l'immortalité de l'âme" mettant en œuvre, par ce culte, le Déisme des Philosophes des Lumières, exprimé par Voltaire : "Le monde m'embarrasse et je ne puis songer que cette horloge existe et n'ait  point d'horloger ".

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Giovanni Niccolo Servandoni, Eglise Saint-Sulpice. Premier projet de Servandoni", Paris, Bibliothèque Nationale de France, XVIIIeme siècle."

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Eglise Saint-Sulpice.

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"Le peuple français reconnaît l'être suprême et l'immortalité de l'âme", Paris, Bibliothèque nationale de France, 1794.

 

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